À Goma, la résilience des femmes entrepreneures du secteur agro-alimentaire est mise à rude épreuve après l’occupation de la ville par la coalition rebelle M23-AFC, soutenue par le Rwanda. Ces femmes, pilier d’une économie locale fragile, font face à une crise sans précédent qui compromet leurs activités commerciales. Le samedi 8 mars, certaines d’entre elles ont fait entendre leur détresse sur les ondes de Radio Okapi.
La guerre de fin janvier et ses répercussions économiques ont dévasté des vies, notamment celles de ces travailleuses courageuses. Léa Bisimwa, par exemple, qui vend du poulet fumé, a vu ses plans s’effondrer lorsque ses clients, acculés par les violences, n’ont pu honorer leurs dettes. “Moi, je vends des poulets fumés. D’habitude, j’achetais auprès des fournisseurs des poules à 6 dollars et demi, voire 7. Après les avoir fumés, je les revendais à 10 dollars. Dans les circonstances actuelles, je ne suis pas en mesure de poursuivre mes activités”, a-t-elle confié.
La situation est aggravée par la fermeture prolongée des banques, rendant les transactions financières impossibles et paralysant davantage une économie déjà exsangue. Les fournisseurs baissent les prix, comme pour les poulets de chair passés de 7 à 5 USD, mais encore faut-il avoir les moyens de payer. Léa Bisimwa illustre ce paradoxe cruel : “Et nous n’avons même pas les moyens de payer à ce prix bas. La non-circulation de l’argent devient un vrai casse-tête à Goma. On ne sait pas comment la situation sera réglée.”
Face à une telle réalité, la population de Goma est livrée à elle-même. Des appels à l’apaisement sont pourtant lancés, comme celui d’un défenseur des droits humains qui dénonce les souffrances infligées à une population déjà vulnérable. Il exhorte toutes les parties à respecter les droits fondamentaux des habitants, qualifiant cette situation de véritable « punition » pour une ville éprouvée par des décennies d’instabilité.
Alors que des produits rwandais envahissent les marchés locaux, accentuant la dépendance économique à l’égard du pays voisin, les perspectives de relance semblent limitées. Pourtant, Goma continue de résister, dévoilant une détermination inébranlable face à l’adversité. À quand une réponse concrète des autorités pour alléger le fardeau de ces héroïnes du quotidien et de toute une population ? Les regards sont désormais tournés vers Goma, symbole d’une lutte pour la justice sociale et économique en République démocratique du Congo.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net