Jean-Marc Kabund A. Kabund, figure de proue de l’opposition congolaise et ancien allié politique de Félix Tshisekedi, s’est exprimé pour la première fois depuis sa sortie de prison en février 2025. Lors d’un entretien accordé à Radio France Internationale, il a abordé des questions essentielles concernant la situation politique et sécuritaire en République démocratique du Congo, avec une attention particulière à la crise qui ravage l’Est du pays. Kabund appelle à la lucidité et à une approche dépassionnée pour résoudre les tensions croissantes.
Reprenant la parole après plusieurs mois de silence forcé, le leader de l’Alliance pour le changement a vivement dénoncé l’implication présumée du Rwanda dans la crise sécuritaire de l’Est, où sévit la rébellion de l’AFC/M23. Pour Kabund, « la main noire du Rwanda n’est plus à démontrer », et il exhorte la communauté internationale à demander fermement le retrait des troupes rwandaises du territoire congolais. Une prise de position qui reflète les tensions croissantes sur la scène politique et internationale quant à cette question.
Cependant, contrairement au président Félix Tshisekedi, Jean-Marc Kabund estime qu’un dialogue inclusif demeure impératif. « Ce n’est qu’en adoptant une solution politique à deux niveaux que la RDC pourra espérer pallier les failles de son armée et avancer vers la paix. », déclare-t-il. Il prône une relance du processus de médiation à Luanda, visant à réunir Tshisekedi et Kagame pour initier une cessation définitive des hostilités. Selon Kabund, un dialogue national élargi impliquant le M23 et d’autres entités est crucial pour engager une résolution durable de la crise dans les Kivus. Une position qui tranche nettement avec l’inflexibilité affichée par Tshisekedi, qualifiant tout échange avec l’AFC/M23 de « honte nationale ».
Cette divergence d’approches reflète les clivages au sein de la classe politique congolaise, alors même que la crise sécuritaire continue de produire des effets désastreux sur le plan humanitaire. Selon un récent rapport du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), près de 80 000 Congolais ont fui leurs foyers entre janvier et février 2025, cherchant principalement refuge au Burundi. Dans des territoires tels que Masisi, Nyiragongo et Rutshuru, les déplacements massifs de populations provoquent une surcharge des services de base, amplifiant leur désespoir.
L’Est congolais reste un foyer d’instabilité qui appelle des solutions audacieuses et concertées. Alors que les positions s’affrontent au sommet de l’État, les habitants des Kivus continuent de subir les affres d’une insécurité endémique. La voie du dialogue, prônée par Kabund, pourrait-elle être le tournant décisif ? À mesure que la situation évolue, les réponses définitives semblent encore hors de portée.
Ce débat sur les stratégies à adopter pour l’Est met en lumière les fractures profondes au sein du leadership congolais, tout en soulignant l’urgence d’une action collective. La communauté internationale, régulièrement sollicitée, sera-t-elle en mesure d’appuyer une solution inclusive et pragmatique ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net