À Goma, la crise financière bat son plein depuis l’occupation de la ville par le groupe rebelle M23, le 27 janvier dernier. La fermeture des banques locales, ordonnée par les circonstances, a plongé les habitants dans une situation de désarroi économique, les obligeant à chercher des solutions coûteuses et temporaires dans des pays voisins.
Privés d’accès à leurs comptes bancaires, les habitants de Goma doivent se résoudre à se rendre au Rwanda ou dans d’autres pays frontaliers pour utiliser des guichets automatiques afin de retirer leurs fonds. Cependant, ce processus n’est pas sans inconvénients majeurs : des frais de transaction élevés, suivis de conversions monétaires obligatoires de la devise locale en dollars américains, alourdissent considérablement la facture. Cette méthode de survie économique, bien que salvatrice pour certains, ne peut masquer l’énorme pression qu’elle impose sur le budget des ménages déjà affectés par d’autres contraintes économiques.
Mais un problème encore plus urgent se profile : l’expiration des cartes bancaires. David Katumbi, un habitant de Goma, n’a pas caché son désarroi face à cette situation. « J’ai ma carte bancaire dont la validité tend vers la fin. Dans cet espace sous gestion du mouvement M23, on n’a pas accès à nos banques. Alors qu’est-ce qu’on va faire une fois que la carte n’est plus valide ? », se lamente-t-il. Il s’agit là d’une problématique qui va au-delà des frontières congolaises, car même les cartes Visa, utilisées à l’étranger pour pallier l’impossibilité d’accéder aux banques locales, perdront leur utilité à leur expiration.
Les infrastructures financières congélées de Goma et Bukavu symbolisent un gouffre économique et une déconnexion inquiétante des populations de leurs ressources. Katumbi appelle les institutions bancaires et financières à trouver une issue rapidement. « Si vous avez la carte Visa, vous pouvez l’utiliser ailleurs, mais une carte expirée rend tout mouvement impossible. Qu’allons-nous faire ? » interroge-t-il avec un mélange d’inquiétude et de colère.
La dépendance à des systèmes transfrontaliers, aussi onéreux qu’imprévisibles, dévoile les failles profondes de la gestion économique et institutionnelle dans ces zones conflictuelles. La situation est également un rappel brutal des conséquences de l’instabilité politique et sécuritaire, transformant un problème bancaire en une véritable crise humanitaire. La communauté internationale et les acteurs régionaux restent interpellés pour fournir une assistance significative et immédiate.
Alors que l’occupation rebelle et le blocage économique se poursuivent, la question demeure : combien de temps les habitants de Goma pourront-ils supporter cette paralysie financière systémique ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
