Le représentant spécial de l’Union européenne (UE) pour la région des Grands Lacs, Johan Borgstam, a récemment annoncé une étape majeure dans l’acheminement de l’aide humanitaire destinée à la République démocratique du Congo (RDC). Lors de son séjour à Kinshasa, il a révélé l’arrivée prochaine d’un convoi humanitaire de 44 tonnes partant de Nairobi, au Kenya, et destiné à Goma, une ville du Nord-Kivu durement touchée par les affrontements avec la rébellion du M23, soutenue par le Rwanda. Cette opération souligne une fois de plus l’urgence de répondre à la crise humanitaire croissante en RDC.
Cependant, Johan Borgstam a signalé un obstacle de taille : la fermeture de l’aéroport de Goma. Cette situation critique complique considérablement la livraison de l’aide. Il a insisté sur l’importance de rouvrir cette infrastructure essentielle pour garantir l’efficience de l’acheminement des secours. “Ni le gouvernement congolais, ni la Monusco n’ont actuellement accès à cet aéroport qui joue un rôle clé pour l’assistance humanitaire”, a-t-il expliqué. Le diplomate européen a également révélé ses efforts auprès des interlocuteurs rwandais pour résoudre cette impasse.
En parallèle, Nicolás Berlanga-Martinez, ambassadeur de l’UE en RDC, a évoqué les défis auxquels fait face le mécanisme européen Humanitarian Air Bridge, normalement déployé en temps de crise pour faciliter l’arrivée des secours. “La fermeture de l’aéroport de Goma empêche l’utilisation directe de ce pont aérien humanitaire”, a-t-il précisé. Les fonds et moyens mobilisés par l’UE doivent ainsi transiter par Nairobi, avant de parcourir la route jusqu’à Goma. Cette logistique compliquée ralentit une réponse qui se veut rapide face à la catastrophe humanitaire en cours.
L’ONU et d’autres acteurs humanitaires partagent cette préoccupation et ont régulièrement exhorté au rétablissement de l’aéroport. Dans le contexte actuel des violences exacerbées par l’offensive du M23, les besoins humanitaires connaissent une croissance vertigineuse. Les populations déplacées, victimes de violences et de violations des droits humains, peinent à se relever. Les zones densément peuplées de l’Est du pays sont plongées dans une escalade catastrophique qui dépasse les frontières provinciales, avec des risques directes de déstabilisation régionale.
C’est dans cette situation critique que le Gouvernement congolais et la communauté humanitaire ont lancé, jeudi 27 février 2025, le Plan de réponse aux besoins humanitaires 2025. Cette initiative ambitieuse vise à collecter 2,54 milliards de dollars pour venir en aide à près de 11 millions de Congolais dans le besoin, dont 7,8 millions de déplacés internes. Ce chiffre illustre à lui seul l’ampleur de la crise, classant la RDC parmi les pays les plus touchés au monde. Une grande partie de la population souffre des multiples crises, qu’elles soient causées par les conflits armés, les catastrophes naturelles ou encore les épidémies.
Avec des défis humanitaires de plus en plus complexes, le Plan 2025 illustre la volonté de répondre à une “polycrise multidimensionnelle” sans précédent. En combinant violence généralisée, crise financière et sous-autorité, les provinces de l’Est comme l’Ituri, le Tanganyika, le Nord-Kivu et le Sud-Kivu réclament des solutions urgentes. Les efforts conjoints de l’UE, de l’ONU et des acteurs locaux soulignent l’importance de la solidarité internationale pour surmonter ce drame humanitaire.
Cependant, la question cruciale reste : cette aide parviendra-t-elle à temps à sauver des millions de vies affectées par les conflits et les privations ? Les mesures prises aujourd’hui auront un impact durable sur l’avenir de nombreuses communautés congolaises.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
