À Mbuji-Mayi, capitale de la province du Kasaï-Oriental, le 3 mars a été marqué par une mobilisation inhabituelle des travailleurs de la société Anhui Congo d’Investissement Minier (SACIM). Ces employés sont descendus dans les rues pour faire entendre leurs voix face à une crise économique étouffante qui menace leur société, spécialisée dans la production de diamants.
En cause, un cumul de 13 mois d’arriérés de salaires qui plonge les 700 employés et leurs familles dans une précarité croissante. Mais ce n’est là qu’un aspect d’une situation bien plus complexe. Depuis un arrêté pris en 2022, la SACIM est confrontée à une restriction de la vente de diamants. Cet arrêté impose la vente exclusive à un groupe désigné, avec des prix fixés arbitrairement. Résultat : le prix du carat de diamant, autrefois estimé à 12 dollars, a chuté brutalement à 8 dollars. Une décision qui non seulement rallonge les difficultés de l’entreprise, mais menace désormais sa survie.
Partant de leur parking situé sur l’avenue Salongo, les travailleurs ont organisé une marche pacifique qui s’est terminée devant le gouvernorat du Kasaï-Oriental. Là, un mémorandum a été déposé, appelant les autorités à intervenir de toute urgence pour sauver SACIM d’une éventuelle faillite. Dans ce document, les manifestants critiquent ouvertement les mesures du Centre d’Expertise, d’Évaluation et de Certification (CEEC), notamment la réduction des prix imposés sur le diamant et l’obligation de traiter uniquement avec les acheteurs désignés. Selon John Numbi, représentant des travailleurs, ces décisions affectent directement la viabilité économique de l’entreprise, laquelle pourrait fermer ses portes si rien n’est fait.
La SACIM, implantée à Miabi dans le Kasaï-Oriental, produit en moyenne 300 000 carats de diamants par an, faisant d’elle un acteur clé de l’économie locale. Plus qu’une société minière, elle représente une bouée de survie pour des centaines de familles et un moteur économique pour une région souvent isolée des grands circuits économiques du pays. La situation actuelle suscite donc des inquiétudes bien au-delà des simples travailleurs. C’est toute une communauté qui pourrait basculer dans la crise si des mesures ne sont pas prises rapidement.
Cette mobilisation pose également des questions cruciales : l’État devrait-il revoir sa gouvernance économique dans le secteur minier ? De telles restrictions sont-elles bénéfiques à long terme pour l’économie congolaise ? En attendant des réponses concrètes, la voix des travailleurs retentit, appelant à la sauvegarde d’une entreprise essentielle et à des solutions durables pour éviter une catastrophe sociale et économique.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd