Le Programme alimentaire mondial (PAM) sonne l’alarme face à des pertes considérables enregistrées suite aux récents conflits et pillages dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Dans un bilan accablant, l’agence onusienne a révélé que l’intégralité de ses stocks présents à Bukavu, au Sud-Kivu, ont été perdus, tandis que 70 % des vivres entreposés à Goma, au Nord-Kivu, ont été détruits ou volés.
L’évaluation post-crise du PAM indique qu’il ne reste désormais qu’un stock de 18 000 tonnes de vivres, répartis dans ses onze pôles logistiques à travers le pays. Une réalité inquiétante qui pousse l’organisation à déployer des mesures d’urgence, telles que la double distribution des vivres dans certaines zones où cela est encore réalisable. Cette stratégie cible les populations les plus vulnérables, afin de leur apporter une assistance vitale malgré des moyens logistiques sévèrement réduits.
Pour remédier à la situation, le PAM a entrepris la recherche de nouveaux entrepôts. L’initiative semble porter ses fruits puisqu’un site a déjà été identifié à Goma. Parallèlement, des travaux sont en cours pour réparer les entrepôts endommagés. Ces actions soulignent la détermination du PAM à poursuivre sa mission humanitaire en dépit de défis logistiques et sécuritaires colossaux.
Cependant, la crise ne se limite pas à la destruction et au vol des vivres. Un problème sanitaire alarmant vient s’ajouter : des suppléments nutritionnels, initialement destinés aux personnes gravement malnutries, sont illégalement mis en vente sur les marchés locaux, notamment autour des écoles et dans des quartiers résidentiels. Parmi ces produits figurent des concentrés alimentaires tels que “Plumpy’Nut” et “Plumpy’Sup”, produits essentiels dans la prise en charge de la malnutrition sévère.
Dans un message diffusé dans quatre langues nationales, l’agence onusienne a tenu à avertir la population congolaise contre les dangers de la consommation abusive de ces suppléments par des individus non-malnutris ou en bonne santé. Les risques de graves effets secondaires liés à une ingestion inadaptée de ces produits sont bien réels.
Cette situation illustre le double fardeau auquel fait face l’Est de la RDC : la complexité des crises humanitaires et les défis de sensibilisation liés à la sécurité alimentaire. Malgré cela, le PAM reste résolument engagé à soutenir les besoins urgents des communautés affectées. Mais ces événements posent une question essentielle : dans une région déjà frappée par des conflits prolongés, comment garantir la sécurité des approvisionnements alimentaires et empêcher que ces drames ne se reproduisent ?
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net