Le président congolais Félix-Antoine Tshisekedi se retrouve au cœur d’une polémique grandissante alors qu’il persiste à refuser tout dialogue avec les rebelles du M23. Ces derniers, renforcés par des appuis externes selon des rapports de l’ONU, ont pris le contrôle de plusieurs villes importantes de l’est de la RDC, plongeant le pays dans une spirale d’instabilité qui menace jusqu’à la capitale, Kinshasa.
La fermeté affichée par Tshisekedi divise autant qu’elle intrigue. En refusant de tendre la main au M23, le chef de l’État veut éviter de légitimer ce qu’il considère comme une humiliation pour son régime. Une position ferme mais jugée de plus en plus inadéquate par des observateurs locaux et internationaux. Dans un contexte où des solutions sont urgemment attendues, Tshisekedi devra néanmoins prendre en compte des réalités difficiles à ignorer. Les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu souffrent toujours des violences incessantes, laissant des milliers de Congolais meurtris, déplacés ou handicapés, victimes collatérales de ce conflit interminable.
Par ailleurs, le président mise sur une réforme de l’armée pour contrer la rébellion. Si l’intention de restructuration est louable, elle est toutefois jugée peu réaliste à court terme. Reconstruire une institution aussi cruciale que l’armée ne se limite pas à des changements hiérarchiques ou stratégiques immédiats, mais implique une refonte en profondeur avec des objectifs à long terme. La tâche est herculéenne face aux défis logistiques, financiers et humains que traverse le pays.
Pendant ce temps, certains signes d’un soutien international renforcent l’espoir d’un apaisement. Les récentes sanctions américaines contre des figures clés associées au M23, ainsi que des mouvements progressifs du côté de Bruxelles, Berlin et New York, rappellent que la question sécuritaire en RDC mobilise les instances internationales. Cependant, ces éléments externes ne suffiront pas à eux seuls à rétablir un équilibre durable. Des voix influentes, comme celles de l’ancien président Joseph Kabila ou du secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), Donatien Nshole, poussent Félix Tshisekedi à reconsidérer sa position sur un potentiel dialogue.
L’immobilisme diplomatique et militaire actuel de la RDC contraste avec l’urgence sur le terrain. Alors que la capitale pourrait elle-même venir à être menacée, la question de la stratégie optimale reste posée : dialogue ou escalade ? En tout état de cause, les prochains mois s’annoncent décisifs pour l’avenir politique et sécuritaire de la République démocratique du Congo.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net
