Le Réseau panafricain de lutte contre la corruption (UNIS) a tiré la sonnette d’alarme en publiant un rapport détaillé le 24 février dernier, demandant au gouvernement congolais de dévoiler les salaires des agents publics. Cette proposition, qui vise à renforcer la transparence financière en République démocratique du Congo (RDC), intervient dans un contexte de méfiance généralisée envers la gestion économique des institutions publiques.
L’UNIS soutient fermement que l’opacité autour des salaires entretient la corruption institutionnelle profondément enracinée dans le système. « Alors que les patrouilles financières de l’Inspection Générale des Finances (IGF) semblent essoufflées », insiste le rapport, « la transparence salariale offrirait des avantages multiples, dont la ré-salarisation des fonctionnaires et l’amélioration de l’efficacité des contrôles financiers ». Cette déclaration met en lumière le manque de mesures concrètes prises pour combattre un problème qui gangrène les institutions.
En effet, l’opacité salariale n’est pas un sujet nouveau en RDC. En 2022, une révélation choquante par l’opposant Martin Fayulu a levé un coin du voile sur le train de vie des députés nationaux, affirmant que ces derniers émargeaient à hauteur de 21 000 dollars américains par mois. Ces chiffres, bien au-dessus des attentes pour un pays confronté à des défis socio-économiques, ravivent le débat sur les disparités économiques et la mauvaise répartition des ressources publiques.
Le président Félix Tshisekedi avait promis la transparence en matière de salaires publics, mais cette promesse n’a jamais été tenue. Nicolas Kazadi, ancien ministre des Finances, déclarait en son temps que cette initiative visait à assurer une meilleure clarté en réponse à une pression exercée par des partenaires économiques internationaux comme le FMI. Toutefois, cette promesse n’a vu aucun suivi, servant souvent davantage à satisfaire les exigences internationales qu’à répondre aux attentes des citoyens congolais.
Le rapport de l’UNIS met également en exergue une tendance alarmante : la montée en puissance des primes dans la fonction publique. Selon l’organisme, cette prolifération de primes, souvent injustifiée, crée des opportunités pour détourner des fonds publics. De nouveaux comités, structures et missions inutiles voient le jour, alimentant davantage la corruption tout en creusant les inégalités. « C’est depuis plusieurs années que la prime a pris le dessus sur le salaire dans la fonction publique congolaise », alerte le rapport.
L’appel de l’UNIS reflète un besoin urgent de réformes structurelles dans la gestion des finances publiques en RDC. Pour l’instant, ces appels restent sans réponse tangible de la part du gouvernement, laissant en suspens la question centrale : quand les dirigeants congolais auront-ils enfin la volonté politique d’instaurer une véritable transparence financière ?
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd