Le dialogue de paix organisé à Bunia, en Ituri, le lundi 3 mars n’a pas réussi à réunir toutes les communautés autour de la table des discussions. En effet, sous l’impulsion de l’Union des associations culturelles pour le développement de l’Ituri (UNADI), ces pourparlers avaient pour objectif de rapprocher les communautés Hema et Lendu, deux groupes au cœur des tensions qui perdurent dans cette région de la République démocratique du Congo. Cependant, l’absence de l’association ENTE, représentant les Hema, a marqué une rupture dans les discussions.
Les leaders Hema ont posé des conditions préalables pour leur participation. Parmi ces demandes, on relève la neutralisation de tous les groupes armés, la restauration pleine de l’autorité de l’État et la fin des massacres des populations civiles dans la région. Ces revendications traduisent l’urgence de rétablir la sécurité dans une zone encore fortement affectée par les exactions des milices locales, notamment CODECO et Zaïre, tristement célèbres dans le territoire de Djugu.
À contrario, la communauté Lori, rassemblant les Lendu ainsi que certains acteurs indépendants, a adopté une attitude favorable aux discussions. Ses membres ont exprimé leur croyance en une résolution interne des conflits. « Les Ituriens sont des frères et doivent régler leurs différends entre eux », a affirmé l’un des interlocuteurs clés. Ils ont également critiqué l’attitude de l’association ENTE, qualifiant son retrait de « manœuvre dilatoire » et accusant cette dernière de freiner un dialogue honnête et constructif.
L’UNADI, pour sa part, reste optimiste sur le rôle capital de ces discussions dans la résolution des problèmes chroniques d’insécurité qui frappent la région. Ces conflits, liés à l’activisme des milices armées, ne cessent d’émailler la stabilité de l’Ituri depuis des années. Pour l’organisation, le dialogue est vu comme la seule voie vers un retour à la paix durable.
Dans un effort pour ne pas laisser ces pourparlers sombrer dans l’impasse, un comité mixte a été mis en place. Ce dernier se chargera de sensibiliser l’association ENTE afin qu’elle revienne sur sa décision et participe pleinement à ces dialogues. L’initiative vise à donner une chance à une communication franche entre toutes les parties concernées, mettant l’accent sur l’importance de surmonter les divisions pour un avenir pacifique en Ituri.
Au-delà des dissensions affichées, cette tentative de dialogue reflète les défis majeurs auxquels l’Ituri est confrontée : comment réconcilier des communautés profondément marquées par de longues années de conflits, dans un climat d’insécurité persistante. Les pourparlers en cours, bien qu’imparfaits, mettent en lumière la nécessité d’un engagement collectif pour tourner la page sanglante des luttes intercommunautaires. La question demeure : l’Ituri saura-t-elle saisir cette opportunité pour redéfinir sa trajectoire vers la paix ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
