Dans une région déjà marquée par des tensions récurrentes, la situation dans le territoire de Djugu, en Ituri, atteint un seuil critique. Depuis plus d’un mois, toutes les écoles primaires et secondaires à Fataki ont fermé leurs portes, conséquence directe des violences exercées par divers groupes armés. Une trentaine d’établissements des localités lacustres, notamment à Tchomia et dans les camps de pêche comme Nyamamba, Café, Mbogi, Joo et Gbi, ne sont plus fonctionnels depuis une semaine.
La vague de peur qui pousse les familles à fuir s’explique par l’intensification des affrontements. Les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) luttent contre les miliciens du groupe armé Zaïre, tandis que dans le nord, le groupement de Djaiba et Fataki subissent les assauts répétés de la milice CODECO, responsable de dizaines de morts ces derniers jours. Ces violences obligent les populations à s’exiler en masse. La majorité des habitants se sont réfugiés en Ouganda, mettant ainsi en lumière cette tragédie transfrontalière, tandis que d’autres cherchent la sécurité à Kasenyi, à seulement sept kilomètres de Tchomia.
Il est particulièrement alarmant de constater que plus de 3000 élèves ont été contraints de fuir, laissant derrière eux leurs écoles et villages d’origine. Les localités de Bule, Lopa, Iga Barrière et Bunia accueillent désormais ces enfants, mais les conditions sont loin d’être idéales. Les témoignages font état de précarité extrême : pas de nourriture suffisante, des enfants réduits à rechercher des fruits sauvages pour survivre. Pour ces élèves et leurs familles, la perspective de retourner sur les bancs de l’école s’éloigne à mesure que la situation sécuritaire se détériore.
Un enseignant, parmi ceux qui ont fui les violences, partage son inquiétude : « Nous craignons que cette année scolaire soit blanche si la sécurité n’est pas rétablie rapidement. En tant qu’éducateurs, nous faisons appel à l’aide humanitaire pour nous secourir. Les populations affectées ont besoin de nourriture, de protection, et surtout de stabilité pour espérer reconstruire quelque chose ». Ce cri du cœur s’adresse également aux autorités militaires, appelées à multiplier les efforts pour renforcer les effectifs dans cette zone dévastée.
Ce drame met en lumière un cercle vicieux où les conflits armés détruisent à la fois l’éducation, le tissu social et les perspectives d’avenir d’une génération entière. Alors que la communauté internationale suit les événements avec distance, cette nouvelle vague de violence soulève des questions urgentes sur la capacité des autorités à rétablir l’ordre et à sécuriser cette région stratégique. L’avenir de milliers d’enfants congolais, déjà marqué par les stigmates de l’instabilité, en dépend.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net