Dans le centre de santé de la mission catholique de Bengamisa, situé à 54 km de Kisangani, la situation inquiète. Depuis le mois d’octobre 2024, ce sont plus de 40 cas de la maladie Mpox qui ont été recensés, selon les sources locales. Cette épidémie, touchant majoritairement les adultes, a déjà fait quatre victimes, dont une adolescente de 14 ans, première décès officiellement signalé dans cette zone. Face à cette crise sanitaire, un constat alarmant se dégage : les soignants, en première ligne, manquent cruellement de soutien.
Les infirmiers du centre dénoncent non seulement l’absence de médicaments, mais aussi un cruel déficit en termes de structure d’isolement. Lotuli Baombi Aimé, infirmier à Bengamisa, s’exprime sans détours : “Les malades atteints de Mpox sont abandonnés à leur triste sort. Nous nous débrouillons comme nous pouvons pour les soigner. Aucune campagne de sensibilisation n’est menée, et la prise en charge des victimes est quasi inexistante.” Un avis que partage son collègue Jean Claude Lokonga, qui soumet également ses inquiétudes quant à la progression rapide du virus : “Nous craignons une hausse des cas en raison de la propagation rapide du virus. Faute de médicaments, nous prescrivons des ordonnances aux patients pour qu’ils achètent eux-mêmes leur traitement.”
Les conditions matérielles aggravent le tableau : absence de matériel de protection et pauvreté des patients. Ces éléments entravent sérieusement la lutte contre une maladie qui gagne du terrain. Par ailleurs, le manque de sensibilisation alimente la confusion entre le Mpox et d’autres maladies comme la varicelle, poussant une partie de la population à se tourner vers des traitements traditionnels, au détriment des soins médicaux adaptés.
Pourtant, l’urgence est palpable. Il s’agit non seulement de mobiliser des moyens pour soigner les malades, mais aussi d’organiser des campagnes de vaccination afin de freiner la propagation de cette épidémie. La zone de santé de Bengamisa, qui couvre un large périmètre sur la route reliant Kisangani à Banalia, reste en attente d’une intervention sanitaire d’envergure. L’inaction pourrait conduire à des conséquences encore plus dramatiques si la situation n’est pas maîtrisée rapidement.
La propagation de l’épidémie dans la province de la Tshopo illustre une fois de plus les défis structurels du système de santé en République démocratique du Congo, où certaines zones sont souvent négligées, malgré l’urgence sanitaire croissante. Une situation qui soulève une question pressante : quelles actions concrètes seront entreprises pour éviter que cette crise ne devienne incontrôlable ?
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd