La récente nomination du sénateur Omana Bitika Pascal en tant que point focal des résistants patriotes Wazalendo dans la province du Maniema, décidée par le président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo le 22 février 2025, suscite déjà des réactions contrastées. Tandis que certains saluent cette initiative stratégique pour renforcer les Wazalendo face aux défis régionaux, d’autres voix, notamment au sein du parti politique Alliance des Nationalistes Congolais (ANC), expriment une vive opposition.
Omana Bitika, également questeur adjoint du Sénat, ne perd pas de temps et a entamé son travail sur le terrain. Arrivé à Kindu le 28 février, il a lancé une série de consultations avec les forces vives locales et plusieurs chefs Wazalendo, affirmant avoir reçu leur soutien pour défendre cette région contre la menace persistante que représentent la coalition AFC/M23 et leur soutien présumé par l’armée rwandaise. Parmi ses objectifs à court terme figurent des réunions avec les autorités provinciales, incluant notamment le gouverneur Mussa Kabwankubi.
Toutefois, cette nomination a été rapidement contestée par l’ANC, un groupe actif parmi les Wazalendo au Maniema. Zaina Rehema Clarisse, la coordonnatrice de l’ANC dans la province, n’a pas mâché ses mots : “Omana Bitika n’a jamais été un Muzalendo et ne peut en aucun cas représenter les Wazalendo du Maniema.” Selon elle, cette désignation s’inscrit en décalage avec les valeurs et l’organisation du mouvement. Dénonçant une absence de consultation préalable, l’ANC exige un conclave provincial regroupant toutes les forces Wazalendo, permettant ainsi une décision collective.
Alors que cette décision présidentielle visait vraisemblablement à structurer davantage les Wazalendo et à renforcer leur efficacité face à la recrudescence de l’instabilité dans la région, l’écho mitigé qu’elle rencontre pourrait avoir des répercussions de grande ampleur. En effet, des dissensions internes risquent de miner un mouvement déjà confronté à des défis sécuritaires majeurs. La division est-elle un luxe que les Wazalendo peuvent se permettre dans un contexte marqué par de profondes vulnérabilités ?
L’Union Sacrée soutient que cette nomination résulte d’une concertation menée sous la houlette du président Tshisekedi, et présente Omana Bitika comme l’homme de la situation pour impulser une gestion rigoureuse de la lutte au Maniema. Mais l’intransigeance affichée par certains acteurs locaux, notamment l’ANC, pourrait compliquer la mise en œuvre du plan présidentiel.
En toile de fond, c’est aussi la crédibilité et l’autorité de l’État qui sont en jeu. Alors que le Maniema reste une province stratégique pour le maintien de l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo, la capacité des résistants patriotes et des autorités à surmonter ces divisions internes sera cruciale pour affronter les défis de sécurité et d’organisation qui pèsent sur la région. Le gouvernement central devra naviguer avec doigté pour éviter que ces tensions n’intensifient davantage les fragilités d’une province déjà sous pression.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net