Dans le centre commercial de Bule, situé dans le territoire de Djugu en Ituri, la rareté de l’eau potable est devenue une crise alarmante. Les quelques puits aménagés sont nettement insuffisants pour répondre aux besoins d’une population croissante. Avec l’arrivée récente de plus de 30 000 déplacés, le prix d’un bidon de 20 litres d’eau a grimpé en flèche, atteignant les 250 francs congolais. Ce montant, difficilement supportable pour une population déjà en détresse, devient un obstacle insurmontable pour les déplacés, contraints de compter sur la générosité des habitants locaux pour se procurer cette ressource essentielle.
Le centre commercial de Bule regroupe plus de 100 000 personnes : autochtones, commerçants, visiteurs fréquentant le marché hebdomadaire communautaire ainsi qu’un grand nombre de déplacés fuyant les violences chroniques au sein du territoire de Djugu. Dans cette région, l’accès à l’eau est un véritable marathon, obligeant les habitants à consacrer des journées entières à la recherche de la moindre goutte d’eau. Avec une demande sans cesse en hausse, les sources se tarissent rapidement. Les quelques points d’eau non aménagés, utilisés principalement pour des tâches ménagères, restent quant à eux inaccessibles, notamment en raison de l’insécurité qui règne à la périphérie de l’agglomération.
Les déplacés de guerre, déjà fragilisés par leur situation, se retrouvent davantage démunis. Selon Eric Lojunga, coordonnateur de la société civile locale, cette crise hydrique exacerbe les souffrances des populations. “C’est une véritable tragédie”, déplore-t-il, ajoutant que seuls les plus chanceux parviennent à bénéficier de la compassion des habitants pour remplir leurs bidons d’eau potable. Depuis quelques semaines, le prix de l’eau a explosé, passant de 150 à 250 francs congolais pour 20 litres.
Pour les déplacés, ce prix est hors de portée. Les familles, souvent épaulées par la solidarité locale, peinent à accéder à ce droit fondamental. La résolution de ce problème humanitaire crucial ne semble possible qu’avec un rétablissement rapide et durable de la paix dans cette région en proie à des conflits incessants. De fait, la principale revendication des déplacés reste le retour à la stabilité dans le territoire de Djugu.
Alors que la population souffre, la réponse gouvernementale demeure attendue. Face à cette situation critique, quelles mesures seront prises pour garantir l’approvisionnement en eau potable et restaurer la sécurité de ces zones isolées ? Une chose est claire : l’eau, source de vie, est en train de devenir une source de désespoir pour les habitants de Bule.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net