Les tensions politiques montent d’un cran dans les provinces du Kwilu et du Nord-Ubangi, où les députés provinciaux réclament avec insistance l’organisation d’élections pour les sénateurs, gouverneurs et vice-gouverneurs. Plus d’une année après les élections générales du 20 décembre 2023, ces provinces demeurent sans représentants élus dans ces postes clés, un retard que les élus provinciaux qualifient de “discriminatoire” et “complotiste”.
Dans une déclaration commune faite le mardi 25 février, les députés provinciaux des deux provinces ont donné un ultimatum à la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI). Selon le porte-parole Marcel Bagara Nzwambe, ils demandent à la CENI de publier, au plus tard le 15 mars 2025, un calendrier électoral pour ces élections tant attendues. Faute de quoi, ces députés envisagent de boycotter la rentrée parlementaire de mars et d’exiger des explications publiques du président de la CENI, Denis Kadima. Alors que ces exigences font écho dans les médias, la CENI évoque un manque de financement pour justifier l’absence de calendrier.
Le retard dans ces scrutins a également des racines dans les incidents électoraux précédents. Les élections législatives nationales et provinciales avaient été annulées en 2023 dans les circonscriptions de Masi-Manimba (Kwilu) et Yakoma (Nord-Ubangi) en raison d’accusations de fraudes et d’actes violents contre les agents électoraux. Bien que de nouvelles élections se soient tenues le 15 décembre 2023, ces provinces n’ont toujours pas avancé sur le choix de leurs sénateurs et gouverneurs, en partie à cause du quorum non atteint lors des premières tentatives.
Ce blocage institutionnel ne se limite pas à une rivalité administrative ; il illustre également une crise de confiance profonde entre les entités provinciales et nationales de la RDC. Avec les tensions croissantes et l’intransigeance des députés, la pression sur la CENI est palpable. Les enjeux sont d’importance majeure : les provinces concernées attendent depuis trop longtemps une représentation politique complète et légitime.
La situation au Kwilu et au Nord-Ubangi interpelle aussi sur la nécessité de réformes plus globales dans le système électoral en République démocratique du Congo. Le processus démocratique, déjà fragile, ne saurait se perpétuer sous une telle incertitude logistique et financière. La suite des événements pourrait donc non seulement redéfinir la trajectoire politique de ces deux provinces, mais aussi servir d’exemple sur l’importance d’une gestion électorale rigoureusement équitable.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net