Plus de 208 corps en décomposition avancée stagnent dans la morgue de l’Hôpital général de référence de Makala, une situation alarmante qui menace la santé publique dans la commune de Selembao, à Kinshasa. Ces cadavres non réclamés provoquent des odeurs nauséabondes, une pollution de l’air et une montée des inquiétudes parmi les habitants de la zone. Ce décor macabre met en lumière les dysfonctionnements dans la gestion des infrastructures médicales et les responsabilités négligées des pouvoirs publics.
Selon les informations recueillies, ces corps abandonnés, principalement ceux d’indigents, attendent depuis plusieurs mois leur transfert vers la morgue centrale ou leur inhumation par les autorités compétentes. Au sein de l’administration de la morgue, on pointe du doigt un manque de réponse et d’initiative du ministère de la Santé qui aurait été saisi pour résoudre cette crise. Le médecin directeur de l’établissement, dans un rapport signé le 20 février dernier, s’était exprimé sur cette urgence sanitaire critique. Malheureusement, celui-ci est décédé peu de temps après avoir attiré l’attention des autorités.
Le bourgmestre de Selembao, sans minimiser la gravité de la situation, a admis publiquement être impuissant face à ce problème qu’il qualifie de “hors de ses attributions”. Il a exhorté les ministres de la Santé et de l’Intérieur à intervenir pour apporter des mesures concrètes et immédiates. “Nous nous sommes rendus sur place. Mais dans ce dossier, la commune ne peut rien faire, cela dépasse largement nos attributions”, a-t-il déclaré. Malgré cela, aucune action concrète n’a encore été entreprise.
Cette affaire met également en lumière les faiblesses structurelles auxquelles font face plusieurs institutions publiques en République démocratique du Congo, notamment les coupures électriques fréquentes, qui affectent le bon fonctionnement de cette morgue. Ce problème, s’il n’est pas pris en charge rapidement, pourrait engendrer des problèmes sanitaires de grande envergure, notamment par la transmission de maladies liées à la décomposition des corps.
Les quelques efforts mis en œuvre jusqu’à présent pour alerter le public et les autorités montrent un vide inquiétant dans la chaîne de responsabilité. Face à cette insupportable réalité, la société civile pourrait se demander : où sont passées les priorités de santé publique en RDC ? Cette crise sanitaire tragique dans la commune de Selembao n’est pas seulement une problématique locale, mais un miroir révélant les failles systémiques dans la gestion des institutions de santé publique au niveau national.
Les habitants de Selembao sont en droit d’attendre une réponse rapide et ferme de la part des autorités compétentes. Le silence et l’inaction ne feront que prolonger les souffrances des habitants, ternir l’image des institutions publiques et aggraver la détresse dans cette zone déjà fortement impactée. Maintenant, plus que jamais, la question est de savoir combien d’alertes sont encore nécessaires avant qu’une action décisive soit entreprise pour remédier à cet état de choses ?
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net