Le retour tant attendu des élèves dans les écoles de Bukavu, dans la province du Sud-Kivu, a commencé sur une note timide, suscitant autant de questions que d’interrogations. Si certaines écoles ont effectivement rouvert leurs portes, les effectifs d’élèves restent bien en deçà des attentes cette semaine. Les raisons de cette réticence sont aussi diverses que préoccupantes.
Depuis lundi dernier, plusieurs grandes écoles de Bukavu ont renoué avec les horaires scolaires. Pourtant, les bancs des classes demeurent clairsemés. Pour certains parents, la sécurité de leurs enfants reste une priorité absolue. “Je prends soin de les accompagner le matin et dès qu’il est 12 heures 20, je suis là pour les récupérer”, explique un parent qui a choisi d’envoyer ses enfants, jugeant certaines écoles de la ville assez sûres pour rouvrir.
D’autres parents, en revanche, adoptent une approche plus prudente. L’appel des chefs d’établissements et des autorités scolaires à reprendre le chemin de l’école n’a pas suffi à dissiper leurs craintes. “Nous vivons dans une psychose totale”, confie l’un d’entre eux, soulignant un climat d’insécurité persistant.
Face à cette situation complexe, les autorités de la province éducationnelle Sud-Kivu 1 multiplient les appels en faveur d’une reprise concertée des activités scolaires. “La peur ne peut pas justifier de retarder davantage l’éducation des enfants”, a déclaré un responsable du secteur éducatif. Cependant, ces arguments peinent à convaincre toutes les familles qui attendent des garanties concrètes sur l’amélioration de la sécurité.
Ce dilemme illustre les défis auxquels Bukavu, et plus largement les régions sensibles du Sud-Kivu, doivent faire face. Dans un contexte où l’accès à l’éducation continue d’être un droit fondamental, de telles problématiques questionnent l’équilibre entre le droit à la sécurité et celui à l’enseignement. Les débats soulevés à Bukavu sont emblématiques d’une situation nationale où l’éducation reste tributaire d’un environnement sécurisé. Dans ce bras de fer entre peur et nécessité, la reprise totale reste suspendue à un espoir collectif : celui d’une stabilité retrouvée.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net