Le Réseau panafricain de lutte contre la corruption (UNIS), membre de la structure « Le Congo n’est pas à vendre » (CNPV), a lancé un cri d’alarme ce lundi 24 février 2025. Dans son dernier rapport, l’organisation déplore l’absence de volonté politique pour réduire le train de vie des institutions politiques en République démocratique du Congo (RDC), une promesse pourtant mise en avant par le gouvernement.
Rétrospective. En 2024, le gouvernement congolais avait inscrit la réduction des dépenses des institutions politiques comme un pilier clé de son programme. La Première Ministre, Judith Suminwa, s’était engagée à instaurer une gestion transparente et efficiente des finances publiques. Elle avait également annoncé une révision du système des rémunérations pour les agents publics. L’importance de cette réforme avait été réitérée en juin 2024, lors d’un conseil des ministres présidé par Félix Tshisekedi. Pourtant, la promesse semble n’avoir été que des mots.
UNIS dresse un sombre tableau. Selon le rapport, les institutions politiques continuent de faire preuve d’une surconsommation flagrante qui réduit les budgets disponibles pour l’investissement et le bien-être social. À titre d’exemple, pour le premier semestre de l’exercice budgétaire 2024, les départements gouvernementaux ont excédé leurs crédits initiaux de plus de 112 millions USD, et les institutions politiques ont consommé 76,30 % de leurs prévisions, soit un peu plus de 176 millions USD. Les dépenses somptuaires des institutions contrastent sévèrement avec les conditions de vie de la majorité des Congolais, dont une grande partie survit difficilement avec moins de deux dollars par jour.
Des organisations comme le Centre de recherche en finances publiques et développement local (Crefdl) et l’Observatoire de dépenses publiques (ODEP) multiplient les appels au changement. Le Crefdl avait récemment proposé, entre autres, des coupes dans les indemnités kilométriques et les frais de voyage pour récupérer près d’un milliard de dollars. Quant à l’ODEP, il avait révélé que, rien qu’en 2022, plus de 80 % des recettes additionnelles collectées dans le cadre du budget collectif avaient été affectées aux rémunérations et aux fonctionnements des institutions politiques, au détriment des investissements.
Même dans les rangs de l’opposition, les critiques fusent. Le député Delly Sesanga, par exemple, avait proposé une réduction de 30 % des émoluments des députés pour financer les investissements. Ces suggestions, bien qu’inspirantes, peinent toutefois à trouver écho auprès des dirigeants.
Malgré ces chiffres accablants, il semble qu’un premier pas vers la réforme ait été amorcé. Le ministère du Budget a récemment annoncé l’élaboration d’un collectif budgétaire qui sera soumis au Parlement en mars. Ce document devrait inclure des mesures visant à freiner la flambée des dépenses et réduire le train de vie des institutions. Mais cette initiative, bien qu’encourageante, suffira-t-elle à ramener la confiance et soulager les citoyens congolais ?
L’immobilisme économique et l’opulence des institutions politiques de la RDC rappellent l’urgence d’une prise de conscience collective. Si la transparence et la responsabilité ne se traduisent pas rapidement en actes, le fossé entre dirigeants et population risque de se creuser davantage. Une question demeure : combien de temps encore les Congolais accepteront-ils ce contraste insoutenable entre leurs conditions de vie et les privilèges des élites politiques ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd