Une crise majeure de malnutrition frappe actuellement la zone de santé de Miabi, située dans la province du Kasaï-Oriental en République démocratique du Congo (RDC). Depuis le début de cette année, plus de 500 enfants ont été identifiés comme souffrant de malnutrition, dont 60 % d’entre eux sont dans un état qualifié de sévère. Cette situation alarmante met en évidence des défis à la fois environnementaux et sociaux qui nécessitent une attention urgente.
Selon le Dr Dieudonné Tshimanga, médecin chef de la zone de santé de Miabi, la principale raison de cette crise réside dans l’inadéquation du sol local pour la culture des principales denrées alimentaires de la région : le maïs et le manioc. Ces deux aliments de base, essentiels à l’alimentation de la communauté, peinent à croître dans cette zone, laissant les familles sans les apports nutritionnels nécessaires pour leurs enfants. “Il y a une forte dépendance à ces cultures, et lorsque celles-ci échouent, c’est toute une population qui en paie le prix,” déclare le Dr Tshimanga.
En effet, cette crise illustre une double problématique : l’urgence nutritionnelle immédiate des enfants touchés et le défi structurel d’une agriculture inadaptée aux conditions locales. Cette réalité pousse les autorités sanitaires de la région à lancer un appel à l’aide auprès des organismes nationaux et internationaux. Une réponse multisectorielle est impérative, combinant interventions nutritionnelles, soutien agricole et formation communautaire pour lutter contre la malnutrition dans cette région.
Les enfants de moins de cinq ans, les plus vulnérables face à ce fléau, représentent la majorité des cas signalés. Ces enfants souffrent non seulement de malnutrition sévère, mais risquent également de développer des complications de santé plus graves si une intervention n’est pas rapidement mise en place. “Nous faisons tout ce que nous pouvons, mais nos ressources sont limitées,” ajoute le Dr Tshimanga, appelant à une mobilisation accrue.
Face à cette situation dramatique, des solutions à court et à long terme doivent être envisagées de manière simultanée. À court terme, les efforts doivent se concentrer sur la prise en charge des enfants déjà affectés, à travers l’approvisionnement en compléments nutritionnels et une assistance médicale ciblée. À long terme, l’accent doit être mis sur la diversification des cultures agricoles et l’introduction de nouvelles techniques adaptées aux conditions climatiques et au sol de Miabi.
Ce n’est pas la première fois que le Kasaï-Oriental fait face à une crise de malnutrition. Toutefois, cette récente flambée met en lumière les conséquences dévastatrices de la combinaison des défis agricoles, du manque d’infrastructures et de l’insécurité alimentaire chronique. Elle rappelle également l’importance de l’action collective, où chaque acteur – du gouvernement aux ONG internationales – pourrait jouer un rôle déterminant dans le changement.
La malnutrition, bien qu’étant une crise locale pour Miabi, reflète également une réalité mondiale. Les liens entre sécurité alimentaire, environnement et nutrition restent des problématiques prioritaires à l’échelle internationale, particulièrement dans un monde en proie aux effets du dérèglement climatique. La RDC, riche de son potentiel agricole mais freinée par des infrastructures et des politiques encore insuffisantes, a besoin d’un soutien renforcé pour relever ces défis.
Alors que les habitants de Miabi continuent de lutter pour garantir un minimum vital à leurs enfants, la voix du Dr Tshimanga résonne comme un cri d’alarme : “Chaque jour qui passe sans réponse aggrave la situation et compromet l’avenir de centaines d’enfants.” C’est un appel qui mérite d’être entendu, et surtout, d’être suivi d’actions concrètes.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net