Dans un contexte où les attentes des citoyens se heurtent souvent aux réalités institutionnelles, le Groupe d’éveil pour le développement et les intérêts de la population (GEDIP), un mouvement citoyen actif à Kikwit dans la province du Kwilu, a exprimé une vive préoccupation sur l’état de gestion de cette ville. Mardi 25 février, lors d’une déclaration publique relayée par Radio Okapi, son coordonnateur, Tipo Musiketi, a dénoncé une détérioration préoccupante de la gouvernance financière et administrative. Mais au-delà des accusations, cette sortie met en lumière une fracture croissante entre les administrés et leur administration.
D’après Tipo Musiketi, la ville de Kikwit est dépourvue de progrès significatifs, malgré une taxation quotidienne imposée. Il prend pour exemple la résidence de la mairie, “toujours en chantier jusqu’à ce jour”. Une situation d’autant plus troublante selon lui qu’au même moment, “les maisons des particuliers évoluent rapidement”. Il ajoute : “Chaque jour, on perçoit 500 francs congolais par moto comme taxe municipale. Avec plus de 4 000 motos-taxis dans la ville, où va donc cet argent ?” Cette mise en lumière appelle à un contrôle parlementaire rigoureux au niveau de l’Assemblée provinciale, qu’il considère comme une étape indispensable pour sauver Kikwit, qu’il décrit comme “une ville prise en otage par ses dirigeants”.
Face à ces critiques, le maire de Kikwit, Abbé Ngyama, a vigoureusement rejeté ces accusations, les qualifiant de “gratuites” et non fondées. Il décrit ces propos comme des attaques orchestrées par des “détracteurs” cherchant à nuire à son image et à ses efforts. “Ce sont des gens qui pensaient que le maire Ngyama ne ferait rien. Mais aujourd’hui, le maire est en train de faire beaucoup pour le développement de la ville de Kikwit”, a-t-il affirmé, tout en appelant les habitants de la ville au calme et à ne pas céder à ce qu’il appelle des manipulations politiques.
Entre les revendications citoyennes du GEDIP et les assurances répétées de l’autorité municipale, la situation à Kikwit reflète un problème plus vaste en République démocratique du Congo : la nécessité de responsabiliser et d’augmenter la transparence dans les administrations publiques. Ce débat soulève également des questions plus universelles, telles que la gestion des ressources locales, l’impact de la taxation sur le quotidien des citoyens, et le rôle des acteurs locaux à assumer dans les développements urbains.
Alors que le pays continue de faire face à une multitude de défis, notamment la guerre de l’Est, cette situation soulève une vérité profonde : au-delà des conflits armés, la gestion administrative et financière reste un champ de bataille essentiel pour construire la confiance entre les institutions et le peuple. Les regards sont désormais tournés vers l’Assemblée provinciale et sa capacité à garantir une transparence qui a, selon les citoyens, tant manqué à la ville de Kikwit.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net