Après une période d’hostilités marquée par les affrontements entre la rébellion de l’AFC/M23 et les forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), les écoles de Goma commencent lentement à rouvrir leurs portes. Cependant, pour l’école du Cinquantenaire, située à l’ouest de la ville, le retour à la normale est encore loin d’être atteint. Vandalismes répétées et pillages massifs perpétrés lors de la prise de la ville le 27 janvier 2025 ont laissé cette institution scolaire dans une situation préoccupante.
Jean-Luc Ndamaitse, proviseur de l’établissement, décrit une scène de désolation après les saccages subis par l’école : « Tout a été pillé : les salles de classe, les laboratoires, la bibliothèque, même les bureaux administratifs n’ont pas été épargnés. Les dégâts matériels s’élèvent à plus de 738 000 dollars américains », a-t-il confié. Malgré ce coup dur, un effort communautaire, notamment grâce à un appel de l’abbé curé de la paroisse de Mugunga, a permis de récupérer quelques biens essentiels.
Face à la gravité de la situation, quelques lueurs d’espoir apparaissent. Les autorités et les parents d’élèves ont lancé des initiatives pour assurer une reprise progressive des cours. Les classes de 7ème et 8ème années ont rouvert ce lundi, avec une participation financière des parents estimée à 40 dollars par élève, destinée à fabriquer de nouveaux bancs et chaises. Le proviseur reste cependant optimiste : « L’école du Cinquantenaire était un joyau pour le Nord-Kivu. Avec l’appui des parents, des partenaires techniques et financiers, nous réussirons à redonner vie à cette grande institution », estime-t-il.
Dans d’autres établissements scolaires de Goma, un semblant de normalité commence à s’installer. Des écoles comme le complexe scolaire Un Jour Nouveau et le Lycée Amani témoignent de résilience face aux conséquences de la guerre, en rouvrant à nouveau leurs portes à des élèves impatients mais prudents. Pourtant, le climat d’insécurité persistant à Goma pose des questions cruciales. De nombreux parents hésitent encore à renvoyer leurs enfants à l’école, tandis que de nombreux élèves initialement déplacés à Kinshasa et dans d’autres provinces s’interrogent sur leur avenir scolaire.
Alors que la fin de l’année scolaire 2025 approche à grands pas, les défis pour rétablir un système éducatif stable dans le Nord-Kivu ne cessent de s’accumuler. L’école reste un pilier essentiel pour les familles congolaises, mais, dans ce contexte post-conflit, assurer une éducation pour tous demeure une course contre la montre.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd