Dans un contexte délicat où la République Démocratique du Congo (RDC) est confrontée à une crise sécuritaire exacerbée, deux grandes institutions religieuses du pays, la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC), s’investissent dans un projet novateur. À travers le “Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC et dans les Grands Lacs”, ces confessions religieuses cherchent à rassembler les forces sociales et politiques congolaises pour répondre aux défis sécuritaires actuels.
Lundi, ce duo religieux a mis en avant son plan de sortie de crise en rencontrant William Ruto, Président du Kenya et actuel Président de la Communauté des États de l’Afrique de l’Est (EAC). Leur démarche, qui inclut aussi une rencontre avec l’ancien président kényan Uhuru Kenyatta, médiateur du processus de Nairobi, montre leur volonté de trouver des soutiens parmi les leaders régionaux. Selon Mgr Donatien Nshole, secrétaire général de la CENCO, les discussions se veulent pragmatiques malgré l’incertitude sur le calendrier des rencontres.
Prochaine étape de cette initiative, la ville de Lubumbashi, capitale de la province du Haut-Katanga, où un culte œcuménique est prévu pour mobiliser et sensibiliser la population autour de cette initiative. “C’est très important de sensibiliser vraiment la population pour qu’elle en fasse son affaire. Il ne faudra pas que les politiciens, par leurs appétits, prennent en otage ce processus”, a souligné Mgr Nshole, insistant sur l’importance de l’implication citoyenne.
Cette mobilisation intervient alors que la rébellion du M23 soutenue par Kigali continue de semer la désolation dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, occupant notamment les villes de Goma et Bukavu. Pendant ce temps, les résolutions des sommets régionaux, tels que celui conjoint SADC-EAC tenu à Dar-es-Salaam, peinent à être mises en œuvre, laissant la crise sécuritaire s’enliser.
Si cette initiative religieuse est saluée par certains, elle est décriée par d’autres, notamment l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), le parti présidentiel. Celui-ci estime que l’église “n’a pas vocation à prendre des initiatives politiques”. Cette opposition renforce un climat déjà tendu, où dialogue et recherche de solutions apparaissent essentiels pour éviter que la situation ne dégénère encore davantage.
Faut-il voir dans ce “Pacte social” une vraie chance pour ramener la paix ? Ou cette initiative sera-t-elle piégée par les divisions politiques et la méfiance ambiante ? Une chose est sûre, l’engagement des forces religieuses dans ce dossier reflète une volonté de transcender les clivages pour répondre à une crise qui n’a que trop duré. Il appartient désormais aux acteurs politiques, religieux et sociaux congolais de mettre à profit cette dynamique pour bâtir une RDC plus stable et unie.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd