La troisième enquête démographique et de santé (EDS) menée entre 2023 et 2024 en République Démocratique du Congo a livré des données cruciales sur les pratiques de santé reproductive et d’hygiène menstruelle des femmes congolaises. Ces résultats offrent un aperçu inédit des réalités auxquelles elles font face au quotidien.
Les méthodes de gestion des menstruations varient considérablement parmi les femmes âgées de 15 à 49 ans interrogées. Environ 38 % utilisent des vêtements comme solution, 35 % préfèrent les serviettes hygiéniques jetables, tandis que 19 % optent pour des serviettes réutilisables. Une minorité, soit 3 %, se tourne vers des matériaux tels que le coton ou la laine. Par ailleurs, l’enquête a montré que 84 % des femmes, lorsqu’elles restent à domicile pendant leurs règles, déclarent avoir accès à des conditions d’hygiène satisfaisantes pour se laver ou se changer, un chiffre rassurant mais révélateur de défis persistants.
La fécondité constitue un autre volet majeur de cette enquête. Malgré une tendance à la baisse, le taux de natalité en RDC reste élevé, avec en moyenne 5,5 enfants par femme au cours de leur vie reproductrice. Ce nombre reste tout de même en diminution par rapport aux 6,3 enfants enregistrés en moyenne en 2007. Cependant, les disparités régionale et socio-économique retiennent l’attention : à Kinshasa, la moyenne est de 3,4 enfants par femme, contre 7,6 dans des provinces comme le Lualaba et le Maniema. L’éducation influence également ce phénomène de manière significative. Les femmes sans instruction ont en moyenne 6,2 enfants, contre 2,8 pour celles ayant fait des études supérieures. Les écarts se creusent aussi selon les niveaux de richesse, allant de 6,9 enfants par femme pour le quintile le plus pauvre à 3,6 pour le plus riche.
Enfin, les données sur les grossesses récentes laissent entrevoir des éléments préoccupants. Parmi les grossesses des trois dernières années, 88 % ont abouti à des naissances vivantes, mais 4 % ont conduit à des fausses couches, 6 % à des avortements provoqués, et 2 % à des cas de mort-né. Le taux d’avortement provoqué s’avère plus élevé chez les femmes âgées de 45 à 49 ans, ainsi que chez celles bénéficiant d’un meilleur niveau d’instruction et de conditions économiques favorables.
Ces statistiques interrogent sur les efforts à engager pour améliorer les services de santé reproductive et promouvoir davantage d’équité en matière de santé, notamment dans les zones rurales et auprès des femmes les plus vulnérables. La RDC, face à ces défis, devra faire preuve d’engagement pour atteindre une meilleure santé maternelle et reproductive. Une société en bonne santé est aussi une société qui se développe durablement.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd