Jeudi 13 février dernier, l’Institut National de la Statistique (INS) a dévoilé les conclusions de la troisième enquête démographique et de santé (EDS III 2023-2024) au cours d’une présentation en présence de la première ministre et de plusieurs membres de son gouvernement. Ce rapport, produit dix ans après la précédente enquête (EDS II 2013-2014), met en lumière des données essentielles concernant les mariages, la maternité et l’éducation en République démocratique du Congo (RDC).
L’EDS III révèle un âge médian de 19,8 ans pour les premiers rapports sexuels des femmes en RDC, mais celles vivant en milieu urbain se marient plus tard, atteignant un âge médian de 22 ans. Cette observation témoigne des disparités socio-économiques et culturelles entre les milieux urbains et ruraux. Le rapport ajoute que moins d’un an après leur mariage, les femmes congolaises donnent naissance à leur premier enfant, avec un âge médian de 20,5 ans.
Par ailleurs, les données dévoilent que la moitié des femmes âgées de 25 à 49 ans ont leurs premiers rapports sexuels avant l’âge de 16,3 ans. Le niveau d’instruction semble jouer un rôle crucial : les femmes ayant un enseignement supérieur ont leur premier rapport sexuel en moyenne à 18,7 ans, contre 15,7 ans pour celles n’ayant reçu aucune éducation. Parmi les adolescents de 15 à 19 ans, 12 % des jeunes filles et 14 % des garçons ont déclaré avoir eu leurs premiers rapports sexuels avant l’âge de 15 ans. La proportion de femmes mariées avant l’âge de 15 ans est également préoccupante : 4 % de femmes contre seulement 1 % d’hommes.
Cette enquête, la plus récente à explorer en détail la démographie et la santé en RDC, a rassemblé des données auprès de 27 583 femmes, 12 681 hommes et 26 697 ménages. Réalisée pour un coût total de près de 13 millions de dollars, elle a bénéficié d’un soutien financier significatif d’organisations internationales telles que l’USAID, l’UNICEF, le Fonds mondial, l’UNFPA et la Banque mondiale, avec une contribution de 2 millions de dollars du gouvernement congolais.
La directrice générale de l’INS, Elysée Chovu, s’est félicitée des résultats escomptés de cette enquête complexe et technique. Les données EDS III fourniront désormais des informations clés pour orienter les politiques publiques et sociales visant à améliorer les conditions de vie en République Démocratique du Congo. Après cette publication, des questions subsistent : comment ces résultats influenceront-ils les priorités des décideurs et participeront-ils à la lutte contre des phénomènes comme la précocité des mariages ou l’accès limité à l’éducation ? La réflexion est désormais lancée.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd