Les rues de Beni, au Nord-Kivu, ont été prises d’assaut ce jeudi 13 février 2025 par des jeunes en colère, à la suite d’un tragique événement qui secoue la République Démocratique du Congo. Le célèbre artiste musicien révolutionnaire Katembo Vinywa Delphin, connu sous le nom de Delcat Idengo, a été tué par balle à Goma. Cet acte, survenu dans un contexte déjà tendu à l’Est de la RDC sous occupation du M23, a provoqué des manifestations spontanées dans cette ville clé.
Avec des bandeaux rouges sur la tête et des bâtons en main, les manifestants défilent dans les rues, forçant à la fermeture des commerces. Les klaxons des motocyclistes résonnent sur le boulevard Nyamwisi, amplifiant la crispation palpable dans l’air. Pour ces jeunes, Delcat Idengo n’était pas qu’une voix : il était un symbole. Ses chansons révolutionnaires, comme sa récente œuvre « Zoba », critiquaient férocement l’incompétence des autorités et la passivité généralisée face à l’insécurité persistante dans l’Est de la RDC.
Le décès de ce musicien intervient quelques jours seulement après son évasion spectaculaire de la prison de Munzenze, lors de la chute de Goma aux mains des rebelles du M23. Pourtant à peine libre, sa voix résonnait déjà comme un cri de désespoir dans un pays asphyxié par les conflits et les défis socioéconomiques. Un jeune manifestant, rencontré sur le boulevard, résume cette douleur : “Idengo était la voix des sans-voix. Nous sommes écœurés de voir qu’il est venu s’ajouter à la longue liste des civils tués, et nous exigeons que son corps soit rapatrié à Beni pour des funérailles dignes.”
Ce meurtre, survenu dans une zone sous contrôle des rebelles, met en lumière une fois de plus les dysfonctionnements d’un État incapable de protéger ses citoyens. Alors que les manifestations paralysent partiellement les activités dans plusieurs zones de Beni, les autorités se murent dans le silence. Pourquoi un artiste qui œuvrait pour la justice sociale et la paix est-il devenu une cible ? La RDC, déjà accablée par des problèmes sécuritaires, pourra-t-elle répondre à cet énième cri d’alarme ?
La perte de Delcat Idengo laisse un vide profond dans le paysage culturel et social congolais. Dans un pays où les artistes jouent souvent le rôle de porte-parole des opprimés, ce drame met en lumière l’urgence de restaurer la paix et de répondre aux aspirations du peuple. En attendant, Beni, meurtrie mais unie, continue de réclamer justice.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd