Les pharmacies de Goma, dans la province du Nord-Kivu, traversent une crise sans précédent à la suite de la fermeture de l’aéroport de la ville. Cette situation, résultant de l’occupation de la ville par les rebelles du M23, met en péril l’approvisionnement en médicaments, essentiels à la survie de la population de la région. Depuis plusieurs jours, les dépôts pharmaceutiques signalent une rupture progressive de certains produits, entraînant une flambée des prix qui pourrait aggraver l’accès aux soins pour les habitants.
Ce constat est alarmant : dans une ville déjà meurtrie par les récents combats entre le M23 et l’armée congolaise, les blessés affluent par milliers dans des hôpitaux débordés. “Nous ne savons pas où trouver les médicaments car les voies d’accès à Goma ne sont pas ouvertes”, témoigne Rosalie, une pharmacienne sous anonymat. Elle souligne que la majorité des pharmacies locales se ravitaillent essentiellement via Kinshasa, d’où leur dépendance critique envers le transport aérien.
Les quelques produits encore disponibles dans les dépôts pharmaceutiques connaissent une hausse vertigineuse de leurs prix. Des exemples concrets montrent que le gramme de Moxyclav, auparavant vendu à 14 500 francs congolais (environ 5 USD), s’élève aujourd’hui à 16 000 francs (5,71 USD). De même, une boîte des injections de Diclofénac qui coûtait 10 000 francs (3,57 USD) atteint désormais 17 500 francs (6,25 USD) dans les dépôts. Ces augmentations, allant de 10 % à 75 %, affectent directement la capacité des populations vulnérables à obtenir des soins de base.
Cette crise sanitaire expose également les défis liés aux infrastructures. La fermeture de l’aéroport est un frein majeur à l’approvisionnement en médicaments essentiels, notamment en période de conflit où les besoins explosent. Plusieurs professionnels de santé redoutent une aggravation dans les jours à venir si les voies d’accès à la ville ne sont pas rapidement rouvertes. L’arrivée des “produits divers”, terme utilisé pour désigner les fournitures médicales, est quasi inexistante depuis le début des affrontements.
Face à cette impasse, la population locale, les ONG et les autorités nationales sont appelées à interpeller la communauté internationale. L’accès aux soins et aux médicaments ne constitue-t-il pas un droit fondamental, particulièrement dans les zones de conflit ? En ouvrant des corridors humanitaires ou en accélérant les négociations pour pacifier la région, il serait possible de redonner un souffle à Goma et d’éviter un effondrement total de son système de santé.
Au-delà de cette région, cette crise reflète aussi les défis à long terme que doit relever la République Démocratique du Congo en matière de santé publique et de réponse aux situations d’urgence. Les événements à Goma témoignent de l’urgence d’une réponse adaptée pour garantir l’accès aux soins médicaux dans ce bastion stratégique, laissant un poids important sur les épaules des autorités locales et nationales.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net