Le Nord-Kivu, région déjà marquée par des années de conflit, fait à nouveau face à des défis humanitaires alarmants. La guerre entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les rebelles du M23 a exacerbé les souffrances de milliers de familles, conduisant à une crise humanitaire durable.
Depuis deux ans, le territoire de Nyiragongo et d’autres zones environnantes ont été lourdement impactés, notamment après la prise de la ville de Goma et du territoire voisin de Nyiragongo par les rebelles du M23. Cette situation a conduit à des déplacements massifs de population, mais nous assistons aujourd’hui à un phénomène de retours spontanés. Rien qu’à Nyiragongo, au 4 février, plus de 32 000 personnes ont regagné leurs localités d’origine, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA). Les villages de Kasisi, Buhumba et Kingarame voient le retour de leurs habitants, mais ces retours impliquent de nombreux défis logistiques et sociaux.
La résilience communautaire doit être renforcée dans ces zones touchées, d’autant plus que les infrastructures essentielles, comme l’accès à l’eau potable, les abris et les établissements scolaires, demeurent gravement endommagées. Le territoire de Masisi, lui aussi frappé de plein fouet par les affrontements, connaît des dynamiques semblables. On y compte plus de 42 600 personnes revenues dans leurs localités, représentant 40 % des ménages autrefois déplacés. Cependant, ces retours ne sont accompagnés d’aucune garantie de sécurité ou d’assistance humanitaire suffisante.
Reprendre la vie dans ces communautés ressemble à un véritable parcours du combattant. Les structures sanitaires, déjà précaires avant les conflits, sont aujourd’hui presque inexistantes suite aux pillages et à l’inaction prolongée. Les familles retournées retrouvent leurs villages vidés de leur substance : des maisons détruites par les bombardements, des écoles fermées et des systèmes de distribution d’eau totalement hors service. Selon OCHA, à ce jour, plus de 214 écoles au Nord-Kivu restent inutilisables, soit en raison de leur occupation passée par des groupes armés, soit à cause de l’hébergement de déplacés.
Face à ces obstacles, l’accès à la nourriture demeure l’un des plus grands défis. Privés de réserves alimentaires et de moyens économiques, les retournés vivent dans une précarité extrême. Les cultures ont été dévastées ou pillées, les terres agricoles abandonnées, limitant toute perspective de relance agricole à court terme. Ce contexte interpelle : le retour dans leurs zones d’origine est-il une véritable solution pour les déplacés ou une manœuvre désespérée face à l’absence d’alternatives viables ?
Dans ce tableau de désolation, la ville de Goma accueille encore 60 % des déplacés. Les autorités et les acteurs humanitaires y prévoient des enquêtes sur les intentions de retour des familles concernées. L’objectif : s’assurer que les retours se fassent dans des conditions sûres et dignes. Ce conflit persistant et ses conséquences humanitaires soulignent non seulement la faiblesse des infrastructures du Nord-Kivu, mais aussi l’urgence d’une réponse coordonnée pour résoudre cette crise humanitaire exacerbée. La reconstruction des zones affectées et l’assistance aux retournés figurent parmi les priorités pour redonner espoir et dignité aux populations touchées.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd