Des milliers d’agents et de cadres de l’administration publique se retrouvent toujours coincés à Goma, dans le Nord-Kivu, malgré une demande explicite du gouverneur militaire de la province de transférer temporairement les institutions à Beni. Pourquoi ce blocage persiste-t-il alors même que la situation sécuritaire le justifierait?
Depuis le 1er février, une note formelle du général-major Evariste Somo Kakule, nouveau gouverneur militaire, intime l’ordre aux institutions et à leurs partenaires de s’établir dans la ville de Beni. Cette mesure vise à contrecarrer les effets de l’occupation de Goma par le M23, soutenu par le Rwanda, et à garantir la continuité administrative. Pourtant, dix jours après sa publication, Goma reste le lieu de résidence de nombre d’entre eux.
Parmi les raisons avancées par un membre de l’intersyndicale des travailleurs de l’État, qui a requis l’anonymat, figurent des obstacles financiers majeurs. “Il y a d’abord les arriérés de salaire. Nous ne sommes pas payés depuis plusieurs mois. Et puis, même si on peut envoyer l’argent aujourd’hui, les banques sont fermées”, a-t-il confié. Cette précarité financière, combinée à une logistique inaccessible pour beaucoup, rend leur départ quasi impossible.
Dans ce contexte, seuls quelques cadres du gouvernement provincial et agents de divisions ont réussi à atteindre Beni. Ils sont toutefois encore trop peu nombreux pour assurer un fonctionnement administratif optimal à ce que l’on désigne désormais comme le chef-lieu provisoire du Nord-Kivu. Ce déséquilibre soulève une problématique sociale cruciale : les conditions de vie et de travail des agents des services publics, souvent reléguées au second plan dans la crise en RDC.
À Beni, le général-major Somo Kakule, en fonction depuis le 31 janvier, s’est installé en tête de pont pour redéfinir le leadership provincial. Toutefois, la transition institutionnelle reste paralysée par les réalités économiques et sécuritaires, engendrant le risque d’un blocage prolongé. L’insistance du gouverneur suffira-t-elle à débloquer cette situation complexe? Les agents administratifs répondront-ils à cet appel malgré les écueils financiers? Ces interrogations laissent présager un avenir incertain pour l’administration publique face à une situation déjà tendue.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net