La nouvelle grille tarifaire du transport en commun à Kinshasa, bien qu’initialement accueillie comme une bouffée d’air frais par les habitants, s’avère largement ignorée par les chauffeurs un mois après son instauration. Les Kinois dénoncent ce mépris manifeste des mesures étatiques, plongeant encore plus la capitale dans une situation de confusion et de désillusion. Que révèle cette incapacité à appliquer une réforme pourtant saluée par les citoyens ?
Dans divers quartiers de Kinshasa, les témoignages convergent : les tarifs récemment établis restent lettre morte. Sami, un habitant du quartier Camp Riche à Lemba, décrit une réalité inchangée. Ce dernier continue de payer entre 2 500 et 3 000 Francs congolais pour se rendre au centre-ville. “Depuis la mesure, rien n’a changé. Aucun chauffeur ne semble s’y plier, et ce manque de fermeté des autorités est déplorable”, affirme-t-il, pointant la nécessité pour l’État de montrer plus de rigueur.
Même constat amer pour Cynthia Mangayi, résidant à Masina, qui déplore le coût toujours exorbitant des trajets matinaux vers le centre-ville. “Les chauffeurs évoquent souvent les embouteillages pour justifier leur refus de s’aligner sur la grille tarifaire. Mais en fin de compte, ce sont les usagers comme nous qui subissons”, témoigne-t-elle avec amertume. D’autres voix, notamment celle d’un étudiant à Matete, soulignent une modulation opportuniste des tarifs selon l’affluence, avec des hausses systématiques en soirée.
L’arrêté du 7 janvier fixait pourtant des tarifs précis et imposait des obligations telles que l’affichage des tarifs à l’intérieur des véhicules. Ces directives semblent rester purement théoriques. À cela s’ajoutent des pratiques controversées comme le sectionnement des trajets et le paiement des tickets à l’extérieur des bus, pratiques pourtant formellement bannies par cette réforme.
Certains chauffeurs ne manquent pas d’exprimer leur propre désarroi. Ils mettent en cause les embouteillages chroniques et l’état lamentable des routes, qui compliquent leur rentabilité quotidienne. En réaction à cette réforme, plusieurs chauffeurs avaient entamé une grève, exigeant des ajustements dans leurs rapports avec les propriétaires des véhicules quant aux montants dus chaque soir.
Ce tableau désolant met en lumière des failles structurelles dans la gouvernance locale et renforce le sentiment d’abandon parmi les Kinois. Alors que cette réforme visait à améliorer les conditions de vie, son échec temporaire marque un revers pour Kinshasa et pose une question cruciale : comment les autorités peuvent-elles regagner la confiance des citoyens face à de tels défis ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd