La province de la Tshopo est une fois de plus sous les projecteurs en raison de l’exploitation minière qui défie les lois congolaises. Selon des membres de la société civile des territoires tels que Bafwasende et Banalia, des entreprises étrangères, notamment des sociétés chinoises, poursuivent leurs activités minières en collaboration avec des coopératives locales. Ce partenariat opère en marge des réglementations nationales, mettant en péril l’environnement et les communautés locales.
À Bafwasende, dans les secteurs de Bakundumu, Bafwandaka et Bemili, la société civile, dirigée par Franck Bangwabedi, a dénoncé l’absence de respect des lois congolaises par les coopératives locales et leurs partenaires étrangers. Banalia, de son côté, n’est pas en reste. Didier Maindo, représentant des forces vives de Banalia, a révélé que des engins sont acheminés à Mangi pour de nouvelles exploitations, malgré la panne du bac sur la rivière Aruwimi, retardant le transport de combustibles vers les sites miniers.
Les chiffres présentés par l’administrateur territorial de Banalia, Gilbert Akapamba, sont accablants. 75 ressortissants étrangers ont été identifiés travaillant sur les sites miniers en partenariat avec des coopératives locales, telles que Oracle Mining, Libela et COPEMO, et ce, sans documents légaux. Malgré de multiples dénonciations auprès des autorités provinciales, aucune action concrète n’a été entreprise, suscitant des soupçons de corruption.
Les conséquences de cette exploitation incontrôlée sont dramatiques pour l’environnement et la population locale. Les rivières Ituri, Aruwimi et Nepoko, autrefois sources d’eau potable et de subsistance pour la pêche, sont aujourd’hui gravement polluées. Banalia subit la même situation avec la rivière Télé, partagée avec la province voisine du Bas-Uele. Cette dégradation a également provoqué des tensions entre les deux provinces.
Au-delà de la pollution, les dégâts s’étendent aux forêts locales, avec des effets irréversibles sur la biodiversité. Bangwabedi et Maindo tirent la sonnette d’alarme : « Ces exploitations ruinent l’environnement, mettent la santé des communautés en danger et ignorent totalement les droits coutumiers des populations riveraines. »
Des mesures avaient pourtant été annoncées. En décembre 2024, l’Assemblée provinciale de la Tshopo avait interdit l’exploitation minière pour endiguer ces abus et préserver l’environnement. Cependant, des opérateurs continuent leurs activités sous couvert de phases de recherche prétendues, comme le révélait une mission parlementaire en septembre dernier.
Ces révélations soulignent une crise profonde dans la gestion des ressources naturelles en RDC. À l’heure où l’urgence climatique et écologique est une priorité mondiale, une question demeure : les autorités congolaises auront-elles la volonté de traduire leurs engagements en actions concrètes pour protéger leur peuple et leurs richesses naturelles ?
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: Actualite.cd