Le Vice-premier ministre, ministre de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires coutumières, Jacquemain Shabani Lukoo, a récemment remis en question la déchéance de Martin Kazembe au poste de vice-gouverneur du Haut-Katanga. Dans une correspondance datée du 8 février 2025, adressée au président de l’Assemblée provinciale du Haut-Katanga, Michel Kabwe, et dont une copie est parvenue à Opinion-info.cd, Jacquemain Shabani dénonce une procédure qu’il qualifie de “cavalière” dans le traitement de cette affaire.
La controverse porte sur la destitution de Martin Kazembe, impliqué dans un dossier de désaffectation du lac Tshombe, un acte attribué à Kazembe lorsqu’il était maire de Lubumbashi. Selon le Vice-premier ministre, cette destitution violerait la loi n°08-012 de juillet 2008, ainsi que l’article 161 du règlement intérieur de l’Assemblée provinciale. En effet, ces textes stipulent que l’organe délibérant ne dispose pas du pouvoir de révoquer un membre du gouvernement provincial pour des actes posés avant l’entrée en fonction de l’accusé, sauf disposition contraire explicite.
Jacquemain Shabani exhorte l’Assemblée provinciale à réexaminer les résolutions adoptées lors de la plénière du 23 janvier, estimant que celles-ci n’auraient pas respecté les principes de légalité et de proportionnalité. Il affirme que la crédibilité des institutions provinciales et la bonne administration de la province en dépendent. Cette intervention du patron de la Territoriale survient dans un climat de tension, alimenté par les accusations de spoliation du lac Tshombe au profit d’un particulier, une affaire qui avait conduit à une session parlementaire extraordinaire. Au terme de cette session, et face au manque de réponses claires de Martin Kazembe, 43 députés provinciaux avaient voté en faveur de sa destitution, sous l’impulsion du député Patrick Kashimba.
Le dossier met en lumière des questions fondamentales sur l’équilibre des pouvoirs et la bonne gouvernance au sein des institutions provinciales en République Démocratique du Congo. Cette affaire souligne également les défis d’une gestion démocratique dans un contexte local, tout en posant des questions sur l’intégrité des procédures parlementaires. Alors que la RDC continue de faire face à des défis institutionnels majeurs, la nécessité d’une gouvernance basée sur des principes solides de légalité et de transparence redevient une priorité. Ce dossier, particulièrement médiatisé, offre une illustration concrète des tensions qui traversent les institutions locales et interroge sur les mécanismes de contrôle du pouvoir exécutif.
La question reste entière : jusqu’où peut aller une Assemblée provinciale dans sa volonté de tenir les autorités pour responsables de leurs actes ? En intégrant cette affaire dans un cadre plus large, il devient clair que l’avenir de la gouvernance locale dans le Haut-Katanga dépendra en grande partie de la capacité des autorités à naviguer entre responsabilité et légalité.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net