La République Démocratique du Congo (RDC) vit aujourd’hui une crise humanitaire amplifiée par des décisions politiques prises à des milliers de kilomètres. Alors que 70 % de l’aide au développement destinée à la RDC provient des États-Unis, la décision de Donald Trump de suspendre toute aide internationale américaine secoue profondément ce pays d’Afrique centrale, plus particulièrement ses régions de l’Est, déjà affligées par des conflits armés dévastateurs.
En effet, l’Est de la RDC est en proie à un conflit intense qui a laissé derrière lui près de 3 000 morts et 700 000 déplacés rien que pour le mois de janvier, à en croire les chiffres des Nations unies. À cela s’ajoutent des pertes matérielles immenses et une instabilité accrue dans des villes comme Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, récemment occupée par le groupe rebelle M23. Mais l’annonce du gel de l’aide humanitaire par Washington vient enfoncer le clou pour les ONG qui luttent au quotidien pour apporter de l’aide aux populations vulnérables.
Des organisations sur le terrain, comme celles réunies sous le Forum des ONG nationales (CONAFOHD), expriment vigoureusement leur désarroi. “Les coupes budgétaires auxquelles nous sommes confrontés à cause de la suspension de l’aide américaine ont des conséquences immédiates et dramatiques”, déclare le Dr Joseph Kakisingi, coordinateur du CONAFOHD. La suspension a déjà mis à l’arrêt des projets cruciaux : des distribution de vivres dans les camps de déplacés, des livraisons de médicaments ou encore des programmes de lutte contre des maladies comme le paludisme et le VIH. L’impact de cette coupure se mesure non seulement en termes de vies humaines mais aussi par la dégradation continue d’un système humanitaire déjà au bord de l’effondrement.
Une colère partagée par de nombreux acteurs locaux et internationaux, comme Augustin Karume, membre d’une association à Bukavu, dans le Sud-Kivu, qui souligne l’absurdité de l’arrêt des projets en cours. “Ce serait jeter l’argent de l’USAID par la fenêtre !”, déplore-t-il. La situation alarmante appelle à une réaction rapide et à une réflexion stratégique globale. “Nous devons redouter une catastrophe humanitaire doublée de l’impossibilité d’y répondre efficacement”, renchérit Luc Lamprière, directeur du Forum des ONG internationales.
Les habitants de la RDC, particulièrement ceux des régions de l’Est, ont longtemps souffert de cycles de violence récurrents et de crises économiques. Mais cette suspension brutale de fonds vitaux pourrait non seulement aggraver la misère humaine, mais aussi exacerber les tensions sociales et géopolitiques de la région. Dans ce contexte, la communauté internationale devra rapidement décider de comment combler le vide laissé par le retrait américain et pallier l’urgence humanitaire croissante.
Article Ecrit par Amissi G
Source: mediacongo.net
