À N’djili Brasseries, à l’est de Kinshasa, les maraîchers, piliers de l’approvisionnement en fruits et légumes de la capitale congolaise, tirent la sonnette d’alarme. Face à des défis multiples, ils réclament l’aide du gouvernement et des partenaires pour revitaliser leur production agricole et maintenir leur rôle crucial dans la chaîne d’approvisionnement alimentaire.
Cette zone agricole, en bord de rivière N’djili, abrite des centaines de maraîchers qui consacrent leur quotidien à la culture de produits vivriers. Parmi eux, un jeune cultivateur confie : « Je produis des mandarins, des oignons et du piment », traduisant l’importance de ce labeur pour nourrir les familles locales et les marchés de Kinshasa. Mais l’activité ne va pas sans peine.
Entre pressions policières et intrusions de résidents sur leurs terres, ces agriculteurs se battent pour survivre. Une maraîchère raconte un épisode dramatique : « Les policiers viennent à tout moment nous chasser. Récemment, ils ont tiré des coups de feu en l’air, et certains jardiniers ont dû se jeter dans la rivière N’djili. Ceux qui ne savaient pas nager ont perdu la vie. » Une tragédie qui illustre la précarité de leurs conditions.
Outre les problèmes liés à la sécurité, les maraîchers dénoncent l’utilisation de produits chimiques périmés qui ne fertilisent plus le sol. Une contrainte supplémentaire qui freine leurs ambitions de développement agricole. Flore Nfumu, présidente de l’Union des associations des femmes maraîchères de Kinshasa (UAFMDK), s’inquiète pour l’avenir : « Les terres des maraîchers sont prises par les habitants. Si le gouvernement pouvait sécuriser un terrain pour nous, cela serait une avancée bénéfique. »
Fondée il y a trois décennies, l’UAFMDK regroupe aujourd’hui 1 540 maraîchers, dont 80 % sont des femmes. Cette organisation se bat pour une meilleure reconnaissance et un appui institutionnel à ses membres. En l’absence de solutions, c’est l’approvisionnement en légumes et fruits de Kinshasa qui pourrait être compromis, menaçant ainsi la sécurité alimentaire de la capitale.
La situation des maraîchers de N’djili illustre un défi plus large lié à la gestion des terres agricoles et à l’encadrement des petits exploitants en République démocratique du Congo. Laisserons-nous disparaître ces contributeurs essentiels de l’économie locale et du tissu social congolais ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net