L’Afrique du Sud refuse catégoriquement de rapatrier ses troupes actuellement engagées aux côtés de la République démocratique du Congo (RDC) dans l’Est du pays. Cette décision, réaffirmée par le président sud-africain Cyril Ramaphosa, s’inscrit dans le cadre d’une mission visant à instaurer un cessez-le-feu durable dans une région minée par les violences. L’annonce, relayée ce 3 février par l’Agence France-Presse (AFP), place Pretoria face à une pression tant nationale qu’internationale.

Le président Ramaphosa a justifié le maintien des troupes en RDC par la nécessité d’assurer la mise en œuvre de « diverses mesures de confiance ». Selon lui, l’engagement de l’Afrique du Sud dans ce conflit ne pourra être conclu que lorsque les bases d’une paix durable seront solidifiées. Pourtant, à l’échelle nationale, la controverse enfle. Julius Malema, dirigeant du parti de gauche radicale EFF, n’a pas hésité à qualifier le déploiement de « décision irresponsable et injustifiable », exhortant au retrait immédiat des forces sud-africaines pour préserver leur sécurité.

Du côté de l’Alliance Démocratique, deuxième formation politique du pays, l’heure est également à la critique. Ce parti réclame un débat parlementaire urgent pour éclaircir les raisons qui justifient la présence prolongée des troupes sud-africaines dans une région en proie aux combats entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les rebelles du M23. Ces derniers bénéficient activement du soutien du Rwanda, ce qui alimente les tensions régionales et les confrontations militaires meurtrières.

Depuis le déploiement des contingents soldats de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) en décembre 2023, la mission a coûté la vie à quatorze soldats sud-africains. Un lourd bilan qui alimente le débat sur la pertinence de cette intervention, tant sur le plan humain que stratégique.

Sur le front diplomatique, Cyril Ramaphosa insiste sur la responsabilité collective des États membres de la SADC pour restaurer la stabilité dans l’Est de la RDC, une zone où les populations civiles continuent de payer un lourd tribut à la guerre. Mais cette position, en opposition directe avec plusieurs courants politiques en Afrique du Sud, met le gouvernement face à un sérieux défi politique interne.

Alors que la situation dans l’Est de la RDC continue de se détériorer, la question se pose : jusqu’à quand Pretoria pourra-t-elle tenir ce cap et maintenir ses soldats dans un conflit aux multiples ramifications ? L’évolution du contexte sur le terrain et la pression politique intérieure pourraient forcer à reconsidérer cette stratégie à long terme.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net