La lèpre, une maladie que l’on croyait maîtrisée, continue de hanter la zone de santé de Moba, située dans la province du Tanganyika. En 2024 seulement, pas moins de 250 nouveaux cas ont été recensés, selon Philippe Ndaïle, superviseur du programme de lutte contre la lèpre et la tuberculose dans la région. Lors de son intervention ce mardi 28 janvier sur les ondes de Radio Okapi, il a exprimé une préoccupation majeure : la lenteur des diagnostics. Parmi ces nouveaux cas, 52 présentaient déjà des infirmités visibles comme des plaies ou des amputations. Cette réalité alarmante souligne le manque persistant de sensibilisation auprès des populations locales, qui ne détectent pas les premiers signes de la maladie à temps.

Cependant, les résultats obtenus montrent également des avancées dans la détection. Grâce au soutien logistique et financier fourni à la zone de santé, des efforts intensifiés ont été déployés pour repérer les cas, particulièrement dans les aires de santé lacustres. « Ces moyens nous ont permis d’intensifier la détection des cas de lèpre », précise Philippe Ndaïle, mettant en lumière l’importance des ressources dans la lutte contre cette maladie qui marque encore profondément la région.

Si à l’échelle nationale, la République Démocratique du Congo (RDC) a déjà réussi à éliminer la lèpre comme problème de santé publique, Moba reste malheureusement un foyer endémique depuis des décennies. Cette situation persistante appelle à des efforts supplémentaires pour lutter contre les stigmates sociaux et les barrières logistiques qui empêchent le diagnostic précoce.

Toutefois, une lueur d’espoir demeure pour les patients. La prise en charge de la lèpre dans la zone est assurée par les structures sanitaires de l’État, avec un traitement gratuit s’étalant de six à douze mois, en fonction de la forme de la maladie. Ce modèle de traitement ouvert et accessible pourrait bien servir de tremplin pour des stratégies similaires dans d’autres régions endémiques.

Quelle sera la prochaine étape dans ce combat de longue haleine ? Philippe Ndaïle et son équipe savent que la bataille contre la lèpre ne peut être gagnée qu’avec des campagnes de sensibilisation accrues, le renforcement des structures sanitaires et une mobilisation sociétale en faveur du diagnostic précoce. L’avenir de Moba en dépend mais, au-delà, c’est celui des nombreuses communautés lacustres en RDC qui est en jeu.

Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net