Dans l’arrière-pays du Maniema, à la jonction des provinces de la Tshopo et du Maniema, le territoire de Lubutu incarne les défis d’un enclavement grandissant en République Démocratique du Congo (RDC). Cette région, bien qu’étant un carrefour reliant quatre grandes villes – Goma, Bukavu, Kindu et Kisangani – est confrontée à un double problème : des routes impraticables et une connectivité internet quasi inexistante.
Lubutu, situé à 244 kilomètres de Kisangani et 400 kilomètres de Kindu, illustre une impasse communicationnelle alarmante. Malgré la présence de trois sociétés de télécommunication, la couverture réseau demeure insuffisante. La navigation internet oscille entre 2G et 3G, et ce, seulement à des heures spécifiques : de 1h00 à 5h00 du matin. Dans une telle situation, le quotidien des habitants est marqué par des limites semblables à celles décrites par Kas, un pharmacien local : “Les forfaits coûtent cher. 70 SMS se vendent à 500 FC ici, alors qu’à Kisangani 500 SMS s’achètent à 600 FC.” Cette réalité pousse certains nantis à installer des réseaux WiFi privés, commercialisés à 3 000 FC par jour. Toutefois, ces services sont souvent conditionnés à une consommation dans des lieux tels que des terrasses ou des hôtels, rendant leur accès difficile pour beaucoup.
Mais Lubutu subit d’autres contraintes économiques et sociales. Le réseau routier, essentiel au désenclavement, est à l’agonie. La RN3, reliant Kisangani à Lubutu, est désormais méconnaissable. Ce qui nécessitait autrefois une journée de voyage aller-retour peut aujourd’hui demander plusieurs semaines. La situation n’est guère meilleure sur le tronçon jusqu’à Kindu, où la végétation et les trous dominent le paysage. Ce délabrement chronique a eu des répercussions directes sur le coût de la vie : les produits de première nécessité affichent des hausses de prix atteignant 150%. Une simple lame de rasoir se vend à 250 FC, bien au-delà de son prix à Kisangani.
Quant aux infrastructures pour acheminer ces marchandises, elles sont tout aussi défaillantes. Des camions nécessitent parfois un mois pour parcourir les 134 kilomètres séparant Lubutu de Punia. Entre Véhicules bloqués et motos nécessitant trois jours pour atteindre Kindu, la mobilité des biens et des personnes est quasiment paralysée.
Malgré ses difficultés, Lubutu conserve une importance stratégique en RDC, servie par son histoire et sa diversité ethnique. Créée par les aînés Kumu, cette localité cosmopolite abrite des habitants issus de différentes provinces, contribuant au commerce et à l’exploitation minière. Cette richesse humaine et économique mérite une attention accrue des autorités pour trouver des solutions durables à un désenclavement urgent dans cette partie de la RDC.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd