La région de Masisi, située dans la province du Nord-Kivu, est au bord d’une véritable catastrophe humanitaire. L’afflux massif de déplacés fuyant les violences armées a plongé des milliers de femmes et d’enfants dans des conditions de vie particulièrement précaires. Ces populations, vulnérables et souvent en détresse, sont exposées à des risques sanitaires majeurs nécessitant une réponse rapide et adaptée.
Romain Briey, coordinateur du projet Médecins Sans Frontières (MSF) à Masisi, identifie trois priorités dans la prise en charge des déplacés. Il explique : « Nous nous concentrons d’abord sur le soutien aux structures de santé locales, notamment les postes de santé situés dans les zones de déplacement, en leur fournissant des médicaments essentiels. Ensuite, nous renforçons la surveillance épidémiologique pour détecter rapidement les risques sanitaires. Enfin, nous mettons en œuvre une réponse d’urgence pour répondre aux besoins immédiats. »
Les maladies infectieuses telles que le paludisme, les infections respiratoires aiguës et les maladies diarrhéiques représentent une menace constante, particulièrement pour les groupes les plus vulnérables comme les femmes enceintes et les enfants. Pour y faire face, MSF et ses partenaires ont mis en place des dispositifs essentiels : stations de lavage des mains, poubelles pour les déchets ménagers, campagnes de sensibilisation à l’hygiène alimentaire, et nettoyage régulier des espaces publics. « De grands volumes d’eau sont traités au quotidien pour garantir à chacun un accès à de l’eau potable », précise Romain Briey.
Au-delà des soins physiques, la prise en charge psychologique reste une priorité, bien que limitée par les moyens disponibles. De nombreux déplacés présentent des traumatismes liés aux violences et aux conditions de fuite. L’hôpital général de référence de Masisi offre des services de soutien psychologique, notamment pour les victimes de violences sexuelles. Cependant, comme l’admet le coordinateur, « le grand nombre de déplacés nous empêche pour l’instant de déployer un programme de santé mentale spécifique pour tous ».
Les femmes enceintes rencontrent également des défis sanitaires majeurs. Les services obstétriques et gynécologiques fonctionnent sans interruption, mais les besoins dépassent de loin les capacités actuelles des équipes sur place. Malgré les efforts déployés par MSF, Romain Briey alerte sur l’ampleur de la crise et appelle à une mobilisation accrue des acteurs humanitaires et des donateurs. « Les besoins sont énormes, et toute aide supplémentaire permettrait d’améliorer significativement la situation des déplacés, dont une grande partie est constituée de jeunes enfants et de femmes », lance-t-il.
L’avenir de Masisi est incertain. Si les conditions de vie ne s’améliorent pas rapidement, les risques épidémiques, notamment liés à la promiscuité et à l’absence d’eau potable, pourraient devenir incontrôlables. La situation complexe de ce territoire appelle à une solidarité internationale urgente. En attendant, les habitants de Masisi continuent à espérer un retour à la sécurité et à la stabilité dans leur région, malgré les sombres réalités quotidiennes qu’ils affrontent.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
