Dans une nouvelle tournure sur la question sensible des salaires en République Démocratique du Congo, la Première ministre Judith Suminwa Tuluka a ordonné la suspension du récent arrêté ajustant le Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG). Dans une lettre datée du 10 janvier 2025, elle a demandé au ministre de l’Emploi et du Travail, Ephraim Akwakwa, de retirer cette décision en raison de vices de forme et d’un problème d’incompétence matérielle. Cet arrêté controversé, publié le 2 janvier 2025, proposait de doubler le SMIG, le fixant à 14 500 francs congolais, une augmentation attendue depuis six ans.
Cette mesure, bien que saluée par certains comme un pas en avant pour le pouvoir d’achat, a été immédiatement critiquée pour des incohérences procédurales. « Je note que ledit arrêté n’a pas respecté la procédure nécessaire en la matière. Par conséquent, je vous instruis de le rapporter », a exprimé la cheffe de l’exécutif national dans un courrier parvenu à la rédaction d’ACTUALITE.CD. Elle n’a pas manqué cependant d’exhorter le ministre à proposer une démarche alternative plus conforme : « Compte tenu de l’actualité de cette problématique, je vous demande de me soumettre, dans les plus brefs délais, un projet intégrant toutes les parties prenantes, notamment le Conseil national du travail, pour un avis préalable. »
Sur les antennes de la RTNC, le ministre avait pourtant défendu son arrêté comme une réponse aux conclusions d’un dialogue de grande envergure tenu avec des organisations professionnelles en octobre 2024. Cette décision, fruit d’échanges entre employeurs et travailleurs, visait à aligner le SMIG sur les réalités économiques actuelles, après six ans de stagnation. Le salaire minimum, équivalent de près de 5 dollars par jour, reste l’un des plus bas d’Afrique, rendant cette révision attendue par beaucoup.
Cependant, cette initiative semble désormais suspendue en raison du non-respect des procédures institutionnelles. Les critiques de la Première ministre soulèvent un point central : comment harmoniser des décisions impactant profondément les travailleurs tout en respectant la vision présidentielle d’amélioration du pouvoir d’achat ? Cette situation met en lumière des dysfonctionnements dans la coordination gouvernementale mais reflète aussi l’urgence croissante autour des enjeux sociaux-économiques en RDC.
Alors que les discussions autour de ce sujet brûlant se poursuivent, le regard est désormais tourné vers le gouvernement pour apporter une solution concrète et légitime à cette problématique. Dans un contexte marqué par une inflation forte et une crise économique mondiale, l’ajustement des salaires reste une des priorités pour répondre aux attentes de la population congolaise.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd