La route RN4, qui relie le village d’Isongo dans la région de Maï-Ndombe à la ville de Mbandaka en Équateur, est aujourd’hui transformée en un véritable carrefour de blocage administratif et économique. Jadis un axe essentiel pour les échanges de poissons, denrées agricoles et biens manufacturés, ce tronçon stratégique est désormais désaffecté depuis près de six mois.
## Une frontière, désormais source de lourdeurs administratives
Des pratiques abusives exercées par les forces de l’ordre et de sécurité postées entre Isongo et Mbandaka s’avèrent être l’obstacle principal à la circulation. Ces agents demanderaient des « taxes » exorbitantes, imposant des paiements arbitraires aussi bien pour les personnes traversant la frontière que pour leurs marchandises. Selon des commerçants locaux, chaque passager doit désormais verser 500 FC, auxquels s’ajoutent des frais supplémentaires pour tout article transporté – qu’il s’agisse d’un simple sac ou d’une chèvre. Ces pratiques illégales dissuadent les transporteurs, qui préfèrent contourner ce tronçon vital sous peine de subir des pertes financières colossales.
## Impacts directs sur Isongo : un marché sous tension, des familles à bout
L’abandon du trafic sur la RN4 asphyxie l’économie locale d’Isongo, située à environ 60 kilomètres du lac Maï-Ndombe. Le coût des produits de première nécessité s’est envolé, mettant en difficulté une population déjà précaire. Par exemple, le carburant y est aujourd’hui vendu à 5 000 FC par litre, alors que le sucre atteint 25 000 FC le sachet et le sel grimpe jusqu’à 30 000 FC le sac.
Les habitants peinent à joindre les deux bouts. « Les prix sont insupportables. Nous n’avons pas le choix, nous devons réduire nos achats ou simplement nous passer de certains produits », témoigne un villageois. Bien que des marchés hebdomadaires persistent, cette situation menace à la fois les ménages et les petits commerçants du village.
## Une route stratégique et un appel au secours
Autrefois, la RN4 constituait la colonne vertébrale logistique pour le transport de produits locaux comme le poisson (Ngolo, Mungusu, et bien d’autres) ou des boissons traditionnelles telles que le lotoko. Aujourd’hui abandonné, cet important axe de redistribution laisse les villages et marchés dans une paralysie totale. Malgré tout, quelques motos téméraires tentent encore d’affronter la route, transportant de petites quantités de marchandises, mais cela reste insuffisant pour compenser la fermeture de cet axe.
Les habitants d’Isongo multiplient leur appel aux autorités nationales et locales pour une intervention urgente. Une intervention ciblée pourrait non seulement fluidifier de nouveau les échanges autour du lac Maï-Ndombe, mais aussi redonner vie à des activités cruciales pour la survie de nombreuses communautés.
L’indifférence pourrait-elle vraiment être une option alors que tant de vies dépendent de ce corridor ? Une question brûlante qui reste en suspens.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd