Lors du conseil des ministres extraordinaire tenu ce mercredi 15 janvier, le président Félix Tshisekedi a marqué une étape décisive dans la gestion de l’état de siège imposé aux provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. En mandatant le gouvernement de lui présenter une feuille de route sous quinze jours, le chef de l’État amorce une transition progressive de ce dispositif sécuritaire, tout en soulignant la complexité de la situation.
Initiée en mai 2021 pour lutter contre les exactions de groupes armés locaux et étrangers, cette mesure exceptionnelle est confrontée aujourd’hui à des tensions croissantes. D’une part, la mission d’évaluation interinstitutionnelle conduite par la Première ministre en novembre dernier a confirmé que l’état de siège répond encore à une nécessité face à la recrudescence des menaces, notamment liées aux velléités expansionnistes attribuées au Rwanda et à ses supplétifs terroristes. D’autre part, une lassitude palpable commence à émerger parmi les populations locales, soulevant un besoin d’allègement du dispositif.
Comment concilier sécurité urgente et apaisement social ? Pour Félix Tshisekedi, la réponse réside dans une gestion équilibrée et concertée de la transition. En attendant la feuille de route, il s’agit avant tout de garantir la sécurité tout en amorçant un retour progressif à la normalité pour les habitants du Nord-Kivu et de l’Ituri. Ce serait là une réponse aussi bien aux aspirations des populations qu’aux défis sécuritaires toujours posés par des groupes armés omniprésents.
Le régime de l’état de siège a visiblement atteint le point où son utilité devient une question de perspective. Alors que certains y voient un outil indispensable pour endiguer l’insécurité chronique de ces régions, d’autres n’en perçoivent que les effets négatifs sur le plan socio-politique. Félix Tshisekedi semble désormais chercher à tracer une voie médiane, un équilibre viable entre ces deux enjeux, sous le regard attentif de la communauté nationale et internationale.
Cette nouvelle étape dans la gestion de l’état de siège devrait apporter des éclairages supplémentaires sur les priorités du régime en matière de sécurité en République Démocratique du Congo. Pourtant, à l’heure où le gouvernement doit encore convaincre tant sur le plan interne qu’à l’échelle internationale de sa capacité à gérer les crises persistantes, de nombreuses inconnues restent en suspens. Le défi est aussi politique que sécuritaire.
À la croisée des chemins, la RDC pourrait ici trouver l’occasion de démontrer qu’une approche inclusive et une gouvernance claire peuvent prévaloir sur les récits de violence et d’insécurité qui pèsent depuis trop longtemps sur ces territoires stratégiques.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net