Les enseignants de la République démocratique du Congo (RDC) pourraient bientôt se retrouver dans les rues pour défendre leurs droits. Face aux blocages persistants des fonds destinés à la mutuelle de santé des enseignants, les syndicats menacent d’entamer une grève nationale. Cécile Tshiyonbo, secrétaire générale du Syndicat des enseignants du Congo, a lancé un appel clair au gouvernement en ce sens.
Depuis plusieurs mois, les simples contributions de 5 000 francs congolais versées par chaque enseignant semblent rester en attente d’usage effectif. Une situation préoccupante, surtout après les engagements pris lors des assises de la Commission paritaire de Bibwa en 2024. Ces accords prévoyaient une augmentation des contributions à 50 000 francs congolais dès janvier 2025. Pourtant, rien n’a changé, laissant les syndicats, mais surtout les enseignants, dans l’expectative.
Une lueur d’espoir semble persister uniquement dans les provinces du Sud-Kivu et Nord-Kivu, où la mutuelle de santé fonctionne, grâce aux contributions régulières des enseignants. Ailleurs, les retards dans le déblocage des fonds paralysent le système. De nombreux prestataires de soins restent sans paiement, aggravant la situation dans un système déjà fragile. L’inquiétude principale gravite autour de l’absence d’application des réformes préconisées lors des accords de 2024.
Les syndicats ne comptent pas reculer. Cécile Tshiyonbo a été explicite : « L’argent des enseignants n’appartient pas au gouvernement. Si rien n’est fait, nous serons contraints de voter pour une grève nationale. » Alors que l’accès aux soins de santé reste crucial pour des milliers d’enseignants, la lenteur dans la réponse gouvernementale nourrirait un sentiment de ras-le-bol. Pour le moment, le ministère du Budget garde le silence, ajoutant au climat de frustration.
Cette crise reflète une question plus large et critique face à laquelle le gouvernement de la RDC doit répondre : la gestion du bien-être social dans un pays battant déjà contre de multiples crises. Comment un État pourrait-il garantir la bonne mise en œuvre des réformes lorsqu’une des catégories sociales les plus stratégiques, celle des enseignants, se sent abandonnée ? L’issue de cette tension entre syndicats et gouvernement pourrait marquer un tournant dans les discussions sur les priorités sociales en RDC.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd