Le lac Mai-Ndombe, un paysage aussi fascinant que redoutable, a été, le 17 décembre dernier, le théâtre d’un drame humain qui continue de hanter les habitants du village d’Isongo. Le naufrage tragique d’une embarcation vétuste a coûté la vie à 22 personnes, alors que 254 passagers ont pu être secourus. Près du port du village, non loin d’Inongo, les vestiges de ce terrible incident restent visibles à la surface du lac, rappelant une catastrophe qui n’aurait peut-être jamais dû se produire.

### Une surcharge fatale et un état déplorable

Les premières analyses ont rapidement désigné la surcharge comme principale cause de l’accident. Toutefois, les villageois d’Isongo apportent une version plus nuancée. Ils incriminent également la vétusté avancée de la baleinière. « Les bois étaient vieux et ne pouvaient plus supporter une telle pression. Avec le poids des passagers entassés sur la toiture, cette dernière s’est effondrée sur ceux qui étaient en dessous, provoquant la tragédie », explique un témoin. Les témoignages locaux font froid dans le dos : « Aucun passager sur la toiture n’a perdu la vie. Ce sont ceux qui étaient en dessous, écrasés par la chute de la toiture et la charge, qui ont été les victimes principales. »

### Une tragédie évitable ?

L’accident, selon plusieurs témoins, s’est produit au port même, avant que le bateau ne prenne le large. Une situation qui aurait pu tourner encore plus mal si le drame s’était joué à quelques mètres au large, là où les chances de survie diminuent drastiquement. « Les voyageurs sont montés en masse. L’embarcation, déjà en mauvais état, n’a pas tenu. Si cela s’était produit à une cinquantaine de mètres du port, personne n’aurait survécu », confie un villageois, non sans émotion.

Fait troublant, l’armateur aurait tenté de prévenir la catastrophe en sollicitant l’intervention des autorités locales pour réduire le nombre de passagers. Mais face au refus des voyageurs en surnombre de descendre, la situation a dégénéré. Cet effort d’alerte, resté sans effet, soulève un débat sur la responsabilité partagée entre les voyageurs, l’armateur et les autorités locales.

### Une mémoire à préserver

Alors que les jours passent, ces débris flottants sur le lac deviennent des symboles silencieux d’un drame encore palpable. Ils lancent un appel à une prise de conscience collective sur les dangers des infrastructures vétustes et la surcharge des embarcations, une problématique récurrente en République Démocratique du Congo. Les habitants d’Isongo, tout comme les 254 rescapés de cette tragédie, espèrent que ce douloureux événement sera le dernier de son genre sur le lac Mai-Ndombe.

Les enjeux de sécurité, de responsabilité et de réglementation sont une urgence pour éviter que de telles tragédies ne se répètent. La République Démocratique du Congo en tire-t-elle des leçons durables ? Une question à méditer, afin que les larmes des familles endeuillées ne soient pas versées en vain.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd