Après trois jours de silence imposé, la ville de Biakato-centre, située dans le territoire de Mambasa (Ituri), a renoué avec la vie lundi 13 janvier. Les activités qui s’étaient figées pour protester contre l’insécurité ont repris doucement, mais avec un goût amer pour les habitants. Ces derniers, soutenus par les structures de la société civile locale, espéraient des changements concrets qui, pour l’instant, semblent hors d’atteinte.
La semaine dernière, Biakato-centre avait le visage d’une ville fantôme, paralysée par une grève citoyenne. Boutiques fermées, écoles désertées, rues vides, seule résonnait la colère contenue des habitants. Ce mouvement de « ville morte », orchestré par les organisations locales, visait à dénoncer les violences meurtrières et les actes d’extorsion qui gangrènent la région depuis décembre. Mais les revendications, portées avec force, n’ont apparemment pas trouvé d’écho auprès des autorités.
Lundi matin, un spectacle de vie a finalement réinvesti les lieux. Des cohortes d’élèves en uniformes ont envahi les rues pour rejoindre leurs écoles, tandis que les commerces et le marché ont rouvert leurs portes. Malgré cette reprise apparente, la tension reste palpable. En effet, les manifestants réclamaient le remplacement pur et simple du comité local de sécurité, jugé incapable de protéger les citoyens et leurs biens. Jusqu’ici, aucune réponse ne leur a été apportée.
Mandela Moussa, président de la Synergie de la société civile de Babila Babombi, a fait écho à cette désillusion : « Nous n’avons pas été entendus. Nous continuons à nous réunir dans les agglomérations avoisinantes pour mobiliser davantage la population et définir des stratégies pour obtenir la paix dans notre région. » Ce constat met en lumière une fracture entre les attentes des citoyens et les décisions des autorités locales.
Face à ce climat d’insécurité, Biakato-centre reste en alerte. Si les journées « ville morte » ont momentanément suspendu leurs échos, les habitants et leurs leaders citoyens envisagent une « deuxième phase » de mobilisation. Leur objectif reste clair : ramener une sécurité durable dans cette partie du territoire de Mambasa. Reste à savoir si cette détermination portera ses fruits ou si elle se heurtera encore à une indifférence institutionnelle.
Dans un contexte où la République Démocratique du Congo continue de faire face à des défis sécuritaires majeurs, les échos de Biakato-centre résonnent comme un cri d’alarme. Ce dernier appelle à une prise de responsabilité urgente pour garantir paix et justice à ses habitants, tout en mettant en lumière les limites d’un système de sécurité souvent dépassé.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
