Bunia a été le théâtre, ce samedi 11 janvier, d’une cérémonie marquante de remise de brevets à des moniteurs des droits de l’homme, mettant en lumière une initiative cruciale pour la province de l’Ituri, où les violations des droits de l’homme demeurent un problème alarmant. En Ituri, région toujours marquée par des tensions, le bureau d’inspecteurs des droits de l’homme a révélé que plus de 30 cas de violations sont recensés quotidiennement, sans compter les centaines de dossiers qui restent enfouis dans l’impunité.
Face à cette réalité préoccupante, cette formation spécialisée a été conçue pour outiller les participants avec des compétences essentielles. Sur près de trois semaines, ces moniteurs ont appris à détecter des atteintes graves aux droits de l’homme, à interagir avec les victimes de manière appropriée, tout en sachant alerter les autorités compétentes sans se mettre eux-mêmes en danger. L’objectif ultime ? Une lutte proactive contre l’impunité et une sensibilisation accrue des populations locales.
Safi Neema, l’une des bénéficiaires de cette initiative, n’a pas caché son enthousiasme. Elle a partagé avec émotions : « Nous avons acquis beaucoup de connaissances dans notre métier. Surtout quand on a un cas de violation des droits de l’homme dans notre milieu, nous savons comment agir. Il y a des méthodes que nous devons suivre, comment procéder, aborder la victime, mais aussi pour ne pas nous exposer. »
Au cœur des discussions, l’état de siège en Ituri et ses conséquences sur les droits des civils occupaient également une place de choix. Patrick Pola Mupasa, manager national de l’École internationale des droits de l’homme, a fermement réaffirmé que cette période particulière ne devrait pas servir de prétexte pour bafouer les droits humains. Il a souligné : « Bien sûr, nous sommes dans un état de siège, il y a beaucoup de violations des droits de l’homme, et nous sommes des intermédiaires. Nous allons d’abord sensibiliser la population. La loi est là, et il faut que la population parvienne à dénoncer, afin que, d’une manière professionnelle, ces moniteurs puissent saisir l’autorité à tous les niveaux. »
Depuis l’introduction de ce programme en mai de l’année dernière, des progrès significatifs ont été enregistrés. Plus de 3000 personnes en Ituri ont bénéficié de cette formation, et 700 d’entre elles ont déjà gravé leur place en tant qu’inspecteurs des droits de l’homme. Ces efforts coordonnés, dans un contexte de conflits armés et de tensions communautaires, redonnent un espoir à une province en quête de justice et d’équité.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net