Le jeudi 9 janvier, la frontière Ruzizi 1 en province du Sud-Kivu a été le théâtre d’une manifestation de grande envergure orchestrée par la société civile, des mouvements citoyens ainsi que des partis politiques. À l’aube, aux environs de 6 heures, des dizaines de manifestants s’étaient déjà rassemblés avec un message clair : exiger la rupture des relations diplomatiques entre la République démocratique du Congo et le Rwanda et demander la fermeture immédiate des frontières entre les deux nations.
Ce mouvement trouve son origine dans l’autoproclamation du groupe armé Twirwaheno comme branche du M23 opérant désormais dans les hauts plateaux de Fizi et Mwenga, au Sud-Kivu. Ce groupe armé, perçu comme un allié du Rwanda, a ravivé les tensions entre les deux pays. Face à ce qu’ils considèrent comme une agression politique et militaire du Rwanda, les manifestants veulent pousser le régime de Paul Kagame à renouer avec le dialogue pour la paix. Néné Bintu, présidente du bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu, a déclaré : « Nous avons maintenant la branche du M23 dans les hauts plateaux de Fizi et Mwenga. Cela doit pousser le régime de Kigali à retourner à la table des négociations pour restaurer la paix. »
Les revendications des manifestants ne s’arrêtent pas là. Ils exhortent le gouvernement à mettre fin à toute coopération économique avec Kigali, accusé d’exploiter les relations bilatérales à son avantage. « On ne veut pas continuer à collaborer avec un pays agresseur. Il faut que le Rwanda comprenne qu’il fait mal à la RDC. C’est nous, Congolais, qui faisons vivre le Rwanda à travers nos échanges », soulignait Néné Bintu, avec force et indignation.
Cette colère de la société civile est alimentée par une situation sécuritaire persistante qui frappe durement le Nord-Kivu voisin. Albert Matabaro, membre du mouvement citoyen Jogo ya Serkali, a rappelé que plus de 130 localités au Nord-Kivu étaient désormais occupées par le M23. « C’est le moment ou jamais de fermer nos frontières. C’est le moment de dire à Kagame que ce pays n’est pas à envahir », a-t-il martelé.
Cependant, face à cette mobilisation, la police congolaise est intervenue, affirmant que toute manifestation publique devait être approuvée par les autorités provinciales. Cet appel à l’ordre a temporairement interrompu ce sit-in mais n’a en rien atténué la détermination des acteurs de la société civile à obtenir une réponse politique forte.
Cet événement met en lumière une nouvelle étape dans la crise géopolitique qui secoue la RDC, un pays déjà fragilisé par des années de conflits et de tensions régionales. Il suscite des interrogations sur la stratégie nationale à adopter pour contrer ces actes perçus comme des provocations, tout en attirant l’attention sur la nécessité urgente d’une solution pacifique et durable dans les relations RDC-Rwanda.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd