Depuis une semaine, les habitants de Beni, dans la province du Nord-Kivu, font face à une hausse préoccupante des prix de plusieurs denrées alimentaires sur les marchés locaux. Les pommes de terre, poissons, oignons et légumes figurent parmi les produits les plus touchés. Cette flambée des prix vient exacerber une situation économique déjà délicate, dans une région frappée par des conflits armés.
Parmi les exemples les plus marquants, on note le cas du poisson chinchard, appelé familièrement « Thomson », dont le prix a connu une augmentation spectaculaire. Un carton de 15 kg, qui se vendait auparavant à 75 000 Francs congolais (FC), atteint désormais entre 90 000 et 100 000 FC, soit une hausse de près de 30 %. Cette augmentation s’accompagne d’une rareté du produit sur les étals, comme le souligne Graciane Syayira, une commerçante locale : « Auparavant, on achetait un carton à 75 000 FC, mais aujourd’hui c’est 90 000, voire 100 000 FC. On ne sait même pas la cause jusque-là. »
La situation est tout aussi critique pour les pommes de terre. Thérèse Kombi, vendeuse au marché de Mayangose, explique que la demande reste forte mais que les stocks se font rares : « La pomme de terre a diminué au lieu d’approvisionnement parce que tout a été consommé presque pendant les fêtes. Mais aussi la guerre d’Alimbongo en est une autre cause parce qu’il nous fournissait en grande quantité. » Conséquence, le prix de la variété carolis est passé de 2000 FC à 2500 FC le kilo. Une hausse qui pèse directement sur les foyers de la région. Les oignons connaissent également une flambée similaire, leur prix grimpant de 1500 FC à 2000 FC le kilo en à peine quelques jours.
Ces hausses de prix trouvent plusieurs explications, parmi lesquelles la saison sèche, qui freine la production agricole, et surtout l’insécurité récurrente dans les zones-clés des approvisionnements. Les zones de Mayangose et le sud du territoire de Lubero, touchées par des conflits armés chroniques, en sont les principaux exemples. Dans un contexte d’instabilité durable, la capacité des agriculteurs et des commerçants à maintenir un flux régulier de produits vers les marchés est durement compromise.
Les habitants de Beni, eux, s’interrogent : à quand un retour à la normalité ? Pour ces citoyens, jongler entre les prix exorbitants et les pénuries alimentaires est devenu un défi quotidien. Sans une amélioration des conditions de sécurité et une réponse adaptée, cette crise pourrait encore s’aggraver, mettant en lumière les liens complexes entre insécurité, économie et bien-être des populations locales.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
