Dans les rues de Bunia, en Ituri, une tragédie silencieuse se joue sous nos yeux. Des centaines d’enfants déplacés, en âge d’être scolarisés, errent quotidiennement, pris dans un engrenage destructeur. Leur quotidien? La quête d’une dose d’évasion à travers des vapeurs d’essence ou de colle Patex. Ces substances deviennent leur échappatoire dans une ville marquée par les conflits et la pauvreté.
Le Parlement d’enfants de l’Ituri s’alarme face à cette situation qu’il qualifie de « bombe à retardement ». Une génération entière se voit menacée, enfermée dans une spirale de dépendance et d’errance. Ces enfants, souvent regroupés, arpentent les artères de la ville et les lieux publics, quémandant de quoi survivre. Cette précarité les pousse dans les bras des stupéfiants, creusant un fossé de plus en plus grand entre eux et leurs rêves d’une vie meilleure.
Certains enfants tentent de résister à cette déchéance annoncée. Parmi eux, un garçon de 10 ans témoigne : « Il n’y a pas longtemps que j’ai commencé à traîner avec eux. Mais moi, je ne me drogue pas. Je sais que cela détruit la santé. Et je leur interdis chaque fois de fumer, mais personne ne m’écoute. » Ses paroles, bien que lucides, montrent un jeune esprit luttant contre un environnement accablant.
Interrogée sur cette problématique, Céline Lusinde, cheffe de bureau de la protection de l’enfant à la division provinciale des affaires sociales, met en lumière un problème structurel au-delà de la guerre : « Ce qu’on a constaté est qu’on peut réinsérer les enfants à l’école, mais les parents ont tendance à montrer aux enfants que mieux vaut venir dans la rue que d’aller à l’école. » Une déclaration qui pointe la responsabilité sociétale collective dans cette crise.
Si des mesures concrètes ne sont pas prises rapidement, les séquelles pourraient être irréversibles. « Même après la guerre en Ituri, cette génération d’enfants ne pourra plus être sauvée », avertit un observateur inquiet. Cette situation interpelle : peut-on vraiment rester indifférent face à l’avenir compromis de ces jeunes, et par extension, de notre société? Il est urgent d’agir, car chaque jour perdu creuse davantage le désespoir de ces enfants.
Cette crise, qui touche l’un des groupes les plus vulnérables de la population, doit être placée au centre des priorités si l’on veut envisager une reconstruction sociale en République démocratique du Congo.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net