Kinshasa, cité de contrastes, s’éveille chaque jour dans un chaos de klaxons et de voix qui rythment la vie quotidienne. Mais derrière cette agitation se cache une réalité plus sombre : celle des milliers de filles vivant dans les rues de la capitale de la République Démocratique du Congo. Ces jeunes filles, souvent invisibles pour la majorité des habitants, mènent une lutte aigüe pour leur survie dans un contexte implacable.
Dès l’aube, elles quittent leurs abris de fortune – un recoin sombre, un pont, ou encore un entrepôt abandonné – pour affronter un quotidien jonché d’épreuves. Vêtues de vêtements de seconde main et parfois pieds nus, ces jeunes filles errent sous le soleil accablant, leurs visages protégés à l’aide de morceaux de tissu ou de carton. Parmi elles, Rosalie, 17 ans, confie : « Il fait tellement chaud ici. Parfois, j’ai l’impression de fondre, mais il n’y a pas toujours de l’eau. »
Derrière ces errances se cachent des histoires poignantes. Mira Mbo, 15 ans, raconte : « Après la mort de mon père, ma mère m’a accusée de sorcellerie et m’a chassée après son remariage. » Des violences domestiques, la pauvreté ou encore des mariages forcés poussent ces jeunes filles à fuir leur domicile pour se réfugier dans la rue. Cependant, cette fuite ne signifie pas une tranquillité retrouvée. Exposées à la violence physique, aux agressions sexuelles et à des conditions de vie dégradantes, leur survie dépend de leur capacité à s’adapter à l’hostilité ambiante.
Dans ce contexte, la réinsertion sociale représente souvent un mirage. Les filles qui tentent de renouer avec leurs familles se heurtent à des barrières sociales, culturelles, et économiques. Princesse Kaso, 20 ans, témoigne : « Une fois enceinte, ma famille m’a rejetée à nouveau. Je n’avais nulle part où aller. » Cette double peine, accentuée par le rejet familial et l’absence de structures adaptées, rend difficile l’accès à une vie meilleure.
Pourtant, au milieu de l’adversité, ces jeunes filles s’accrochent à leurs rêves. Jeanne, 19 ans, garde espoir : « On espère toujours que demain sera mieux, que quelqu’un viendra nous chercher ou nous aider à changer de vie. » Au fil des jours, leur solidarité émerge comme un refuge face aux dangers continus de la rue.
La chaleur accablante du jour contraste avec le froid mordant de la nuit, mettant à rude épreuve leur santé et leur moral. Sans accès constant à l’eau, à la nourriture et aux soins médicaux, ces filles luttent non seulement contre l’exclusion sociale, mais également contre des infections et des maladies débilitantes. Cependant, dans cet environnement hostile, elles parviennent parfois à trouver des instants de répit et de réconfort.
Cette situation, bien que tragique, n’est pas insurmontable. Elle révèle l’urgence de développer des infrastructures, des programmes de sensibilisation et des initiatives pour réintégrer ces jeunes dans la société. Les vibrations incessantes de Kinshasa continuent, mais leurs voix ne devraient pas être étouffées. Chaque geste de survie qu’elles posent est une preuve éclatante de leur résilience et de leur désir ardent de réécrire leur destin.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
