Une campagne inédite, intitulée « lutte contre les diplômes sans compétences », a été officiellement lancée le 7 janvier par neuf organisations de la société civile à Beni, une initiative s’attaquant à un phénomène préoccupant : la qualification insuffisante des diplômés du secondaire. Cette initiative, qui vise principalement à sensibiliser les élèves des écoles locales, entend adresser les lacunes structurelles du système éducatif, notamment les dangers d’une mauvaise orientation ou des changements fréquents d’option en dernière année scolaire.
Selon les données recueillies par la coalition, une grande majorité d’élèves parviennent à la fin de leur cycle secondaire avec un bagage de compétences limité, une réalité qui inquiète les organisations à l’origine de cette campagne. Samuel Don Katembo Sekanabo, point focal de cette initiative, évoque une problématique née d’une étude approfondie des comportements académiques observés dans les classes terminales. « Nous avons constaté qu’un grand nombre d’élèves, bien qu’ayant suivi un cursus normal dans l’ensemble, rencontrent des obstacles majeurs à leur épanouissement intellectuel au secondaire. Beaucoup changent brusquement de filière, ou abandonnent avant d’essayer de se rattraper en dernière année, souvent sans les bases nécessaires », révèle-t-il.
Un exemple frappant mis en lumière concerne les nombreux élèves ayant suivi quatre années dans des sections scientifiques, mais qui, contre toute attente, achèvent leur parcours académique en optant pour des domaines entièrement différents, tels que la section Nutrition. Une telle situation pose question quant à la légitimité des qualifications obtenues. « L’élève formé comme scientifique peut-il vraiment être engagé comme nutritionniste? », s’interroge Katembo, soulignant le risque de voir se multiplier les diplômés sans une réelle expertise dans leur domaine.
Pour les organisations engagées dans cette bataille éducative, cette défaillance systémique pourrait potentiellement exacerber le problème du chômage à long terme. Les qualifications inadéquates des jeunes diplômés, combinées à un marché de l’emploi de plus en plus exigeant, risquent de marginaliser davantage ces jeunes. Pour la société civile de Beni, cette campagne de sensibilisation est donc un appel collectif aux autorités éducatives et aux parents, afin qu’ils veillent à une orientation académique mieux encadrée.
Cette initiative entre en résonance avec un enjeu mondial majeur : comment garantir une éducation alignée sur les besoins réels des sociétés, tout en préparant les individus à relever les défis d’un avenir incertain? En République démocratique du Congo, où le système éducatif demeure fragile, ces questions prennent une acuité particulière. Cette campagne pourrait, si elle est bien suivie, ouvrir un dialogue national sur les réformes nécessaires pour renforcer la qualité des enseignements dispensés tout en plaçant les jeunes Congolais sur la voie d’un épanouissement durable sur le marché du travail.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net
