Depuis l’introduction de la mesure expérimentale de circulation alternée à sens unique le 27 octobre 2024, destinée à désengorger la ville de Kinshasa, le Mouvement national des consommateurs lésés (MNCL) s’est penché sur son impact. Dans une enquête détaillée menée du 13 au 18 décembre 2024, le MNCL dévoile une critique unanime des Kinois face à cette initiative. Alors que les autorités espéraient réduire les embouteillages chroniques de la capitale, les résultats de l’étude brossent un tableau inquiétant.
D’après les données recueillies auprès de 546 participants répartis dans les districts de Tshangu, Mont-Amba, Lukunga et Funa, la réception de cette mesure est majoritairement négative. Parmi les interrogés, 83% ont expérimenté les changements de circulation, mais 61% se déclarent insatisfaits. Une large majorité, soit 79%, estime que ces modifications n’ont pas réellement contribué à fluidifier le trafic. Les critiques se multiplient : 80% des usagers rapportent avoir rencontré des obstacles liés à cette mesure, notamment une augmentation du temps de trajet pour 46% des conducteurs.
L’impact sur la productivité est également frappant. Plus de la moitié des répondants, soit 55%, font état de répercussions négatives, tandis que seulement 25% y perçoivent un potentiel bénéfique. La perception de la sécurité parmi les piétons reste mitigée, renforçant l’idée que cette expérience routière nécessite des ajustements profonds.
Les relations avec les forces de l’ordre, censées accompagner cette réforme, se révèlent aussi problématiques. Une majorité écrasante de 69% des participants juge leur gestion médiocre. Rares sont ceux qui ont pu bénéficier d’une assistance ou d’un encadrement efficace lors de la mise en œuvre de cette mesure controversée.
Face à ce constat, le MNCL plaide pour une révision urgente de cette politique. Près de 86% des personnes interrogées appellent à des améliorations substantielles, allant d’un renforcement de la police de circulation à un investissement dans les infrastructures. Une sensibilisation accrue des usagers au code de la route est également jugée indispensable. Ces recommandations visent à tenir compte des préoccupations des citoyens, en vue d’adopter des solutions durables adaptées aux réalités locales.
Les embouteillages à Kinshasa, souvent cités parmi les plus désastreux au monde, constituent un défi permanent. Si cette mesure de circulation alternée à sens unique avait pour ambition de ramener l’ordre dans le chaos urbain, il semblerait qu’elle ait, pour l’instant, surtout semé confusion et mécontentement. Que peut-on imaginer comme alternative ? La modernisation des infrastructures, déjà appelée de leurs vœux par de nombreux experts, pourrait devenir une solution incontournable. Les autorités entendront-elles cet appel à l’action des Kinois ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
