L’Union européenne a récemment annoncé le report de son règlement historique contre la déforestation, un pas décisif dans la lutte contre les changements climatiques, mais aussi une décision qui suscite des interrogations. Initialement prévue pour fin décembre 2024, l’application de cette loi ambitieuse est reportée d’un an. Qu’est-ce qui motive ce changement, et quelles en sont les répercussions ?
Ce report, décidé par Bruxelles, permet aux grandes entreprises de se conformer désormais d’ici au 30 décembre 2025 et accorde aux petites et moyennes entreprises (PME) un délai supplémentaire jusqu’au 30 juin 2026. Ce réajustement résulte de pressions exercées par certains États membres et grands exportateurs agricoles tels que le Brésil et la Malaisie. Les produits concernés incluent le cacao, le café, le bois, l’huile de palme et le bétail, autant de secteurs vitaux pour de nombreux pays exportateurs.
L’objectif de ce règlement, souvent désigné sous l’acronyme EUDR, est clair : réduire la déforestation. Une nécessité quand on sait que ce phénomène est la deuxième cause mondiale d’émissions de gaz à effet de serre, après la combustion des énergies fossiles. La Commission européenne insiste sur la rigueur des mesures. Les importateurs européens devront prouver que les produits qu’ils commercialisent ne proviennent pas de terres déforestées ou dégradées après le 31 décembre 2020. La traçabilité et la géolocalisation des parcelles agricoles deviennent ainsi des obligations incontournables pour accéder au marché européen.
Toutefois, la RDC, pays exportateur de cacao, de café et de bois, pourrait être fortement impactée par ce règlement. Les petits exploitants congolais, déjà confrontés à de nombreux défis, auront à s’adapter aux nouvelles exigences européennes, ce qui pourrait représenter un casse-tête logistique et financier. Les entreprises non conformes s’exposent à des sanctions allant jusqu’à 4 % de leur chiffre d’affaires annuel, voire à la perte de l’accès au marché européen. Dans ce contexte, le défi pour la RDC sera double : s’adapter aux nouvelles normes tout en soutenant ses opérateurs, en particulier les plus petits d’entre eux.
En outre, ce règlement prévoit des exigences strictes en matière de transparence et de consultation des populations locales. Les entreprises devront publier des rapports annuels détaillant leurs efforts pour garantir leur conformité et éviter tout risque de déforestation. Pour certains produits, elles devront même documenter les consultations menées avec les communautés locales et autochtones, une étape clé pour s’assurer que l’exploitation des terres se fait de manière éthique et durable.
Enfin, les produits seront classés selon un risque « faible », « standard » ou « élevé », les zones à risque élevé étant soumises à des contrôles renforcés. Ce classement pourrait influencer lourdement les chaînes d’approvisionnement, en particulier dans des régions comme la RDC où l’adaptation aux standards internationaux reste un défi considérable. Reste à voir si les acteurs concernés, des petites exploitations jusqu’au gouvernement, sauront répondre aux défis posés par ce changement. Alors que le Parlement européen doit encore valider ce report, son adoption semble n’être qu’une formalité, marquant un nouveau chapitre dans les efforts pour la préservation de notre planète.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: Actualite.cd